« Le plan américain doit relancer le projet de TGV californien »

Le fleuron français de la construction ferroviaire enregistre 3,5 ans de carnets de commandes pleins. Il dénonce le repli sur soi de certains marchés à l'international, alors que le projet de TGV californien, fragilisé par la crise, pourrait faire partie du plan de relance américain. Vous clôturez votre exercice 2008 à la fin du mois. Alstom a annoncé une hausse du chiffre d'affaires au premier semestre de 12 % à 8,95 milliards d'euros, supérieure aux prévisions des analystes. Tiendrez-vous le cap du premier semestre ?Avec 3,5 ans de carnets de commandes pleins, Alstom Transport est loin de subir la crise. Les plans de relance français et étrangers, s'appuyant sur de grands projets d'infrastructures, donnent de la visibilité. Nos résultats 2008 n'auront rien à envier à ceux de 2007, où nous totalisions 7,1 milliards d'euros de commandes, dont 2,1 milliards pour la livraison de 80 rames duplex à la SNCF. L'exercice 2008 sera simplement davantage coloré « international », puisque nos principaux contrats, de 1,5 milliard d'euros chacun, viennent d'Italie, pour la fourniture de 25 de nos nouvelles automotrices à grande vitesse (AGV), et du Royaume-Uni, pour des trains pendulaires. Nous ne faisons que 20 % de notre chiffre d'affaires [5,5 milliards en 2007)] sur le marché français?!En 2009, le renouvellement du parc de la SNCF créera pourtant l'événement?Le lancement de l'appel d'offres de la SNCF visant le renouvellement du parc TGV français devrait intervenir vers la fin de l'année 2009 [déjà repoussé de six mois, il ne serait donc pas lancé en juin 2009, Ndlr]. D'ici là, Alstom se concentre sur les appels d'offres en cours pour les trains régionaux TER à un et deux niveaux dont les réponses sont attendues, respectivement, avant l'été et avant la fin de l'année. La RATP choisira, elle, dans les semaines à venir, un candidat pour l'équipement de trains à deux niveaux du RER A.À l'international, certains projets, comme celui de la ligne à grande vitesse californienne, se trouvent-ils fragilisés par la crise??Aux dernières nouvelles, ce projet de ligne ferroviaire entre San Francisco et Los Angeles, estimé à 40 milliards de dollars, aurait le soutien de la nouvelle administration Obama, qui pourrait l'intégrer au plan de relance américain. Rappelons en outre que le gouvernement californien, en difficulté financière, a été autorisé par référendum, fin novembre, à lancer un emprunt obligataire de 10 milliards de dollars. Nous nous rendrons sur place avant l'été. En Russie, le gouvernement a revu à la baisse, de 15 %, ses prévisions d'investissement qui se montaient à 360 milliards d'euros d'ici à 2030. Nous y attendons de manière imminente le choix pour la fabrication de 1.210 voitures à deux niveaux, forts de notre partenariat avec le constructeur russe Transmashholding [TMH]. L'accord prévoyant notre entrée au capital de TMH, à hauteur de 25 % plus une action, sera signé avant l'été.Comment percevez-vous la concurrence, alors que le japonais Hitachi négocie une future commande de trains de 8,5 milliards d'euros en Grande-Bretagne??Le marché du train au Japon [2 milliards d'euros par an] nous est systématiquement fermé. Les constructeurs japonais maintiennent chez eux des prix plus élevés, puis s'offrent au moindre coût à l'international. Ils détiennent 99,7 % de leur propre marché et 10 % du marché mondial?! Au Japon, début novembre, le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, a prévenu que l'Europe demanderait la réciprocité. En outre, en temps de crise, les marchés doivent résister aux tentations protectionnistes?: en Allemagne, Siemens s'est vu commander 15 trains à grande vitesse, pour 500 millions d'euros, maintien de l'emploi national oblige. En Espagne, c'est la Construcciónes y Auxiliar de Ferrocarriles qui rafle l'essentiel des contrats. En Chine, la priorité donnée au transfert de technologie limite fortement, pour Alstom qui souhaite protéger son savoir-faire, le potentiel du marché. Or, en France, Alstom Transport décroche moins de 50 % des contrats?! nPhilippe Mellier, président d'Alstom TransportEn Chine, la priorité donnée au transfert de technologie limite pour Alstom le potentiel du marché.
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