« Qu'on nous laisse à notre singularité ? !  »

En quoi Dauphine se démarque-t-elle des autres universités??C'est une université sélective et professionnalisante. Nous avons essayé de prendre le meilleur des grandes écoles et des universités. Nous offrons ainsi une alternative aux classes préparatoires. La sélection se fait à l'entrée et s'intensifie progressivement au fil du cursus, mais sans entretenir la culture du bachotage. Parallèlement, on développe chez nos étudiants les capacités d'autonomie propres aux universités, un atout apprécié des DRH.Le modèle Dauphine est-il transposable à l'heure où se met en place l'autonomie des universités??L'autonomie, c'est la décentralisation de la gestion et des moyens, et la reconnaissance de la diversité du système. Cela ne portera que sur le très long terme. Or, ce qui est bon pour Dauphine ne l'est pas forcément pour les autres. L'attrait de Dauphine est l'articulation entre ses formations généralistes et professionnalisantes, avec des stages dès la licence et, depuis 2008, deux fois six mois de stages en mastère. Il faut arrêter d'interpréter Dauphine à l'aune de la politique nationale. Nous sommes au contraire en décalage avec la politique nationale, c'est pour cela que nous avons un statut particulier. Qu'on nous laisse à notre singularité?!Comment Dauphine peut-elle rivaliser avec les grandes écoles à l'international??Il est vrai que ses caractéristiques suffisent à la différencier en France, mais pas à l'étranger, où son statut est somme toute ordinaire. Nous avons une très bonne visibilité en mathématiques, mais sommes 383e au classement de Shanghai, car principalement présents dans les sciences humaines et sociales. Nous devons donc améliorer ce point. Nous voudrions porter le taux de mobilité à l'international de nos étudiants de 50 % à 100 %. Notre attractivité à l'international nous confronte à deux défis?: avoir des filières intégralement en anglais et accueillir des étudiants étrangers, ce qui induit des coûts supplémentaires. Nous préparons donc pour la rentrée 2009 des mastères en langue anglaise pour lesquels nous recruterons des étudiants étrangers de haut niveau prêts à payer. Par ailleurs, nous avons créé une fondation partenariale, dotée d'un capital de 1 million d'euros, qui a vocation à lancer des chaires d'entreprises. Nous comptons parmi nos donateurs fondateurs Bolloréeacute;, Bouygues, Lagardèrerave;re, les Caisses d'Épargne, GDF-Suez, Exane. Il ne s'agit pas de boucher les trous budgétaires, mais d'initier des projets durables dans lesquels les donateurs ont leur mot à dire. Notre première campagne de levée de fonds a eu lieu en octobre dernier. Nous avons 5 projets de chaires d'entreprise pour la rentrée 2009 sur des thématiques telles la gouvernance ou l'économie numérique. Nos chaires pourront permettre de racheter du temps de travail aux chercheurs, d'augmenter le recrutement des jeunes chercheurs ou de financer des revenus complémentaires. La guerre est intense dans nos disciplines?: il faut des structures de recherche et de rémunération qui permettent de s'aligner à l'international.Comment analysez-vous le mouvement universitaire??Il s'est cristallisé sur le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, puis sur les postes, la réforme de la formation des enseignants et la loi LRU. Le décret a réussi l'union nationale, du mandarin qui cachetonne en cabinet et qui n'aime pas qu'on lui demande des comptes, au jeune maître de conférence qui fait des heures complémentaires et voit son pouvoir d'achat menacé. Et la diabolisation du président d'université autonome est l'artifice qui lie le décret à la loi LRU. Mais aujourd'hui, l'unanimité se fissure car le débat se politise. n
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