Les pays du Sud manquent de moyens pour affronter la crise

développementQuand les éléphants maigrissent, les gazelles meurent ». Cet adage africain, rappelé hier par la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, résume bien la situation des pays en développement (Ped), qui ne sont pour rien dans la crise actuelle mais risquent d'en être les principales victimes, parce que leur rattrapage économique en sera retardé. Cette préoccupation était au centre de la conférence qui s'est tenue hier à Bercy, consacrée à l'extension de la crise aux pays du Sud. Coïncidence de calendrier, le sujet était également débattu dans le cadre d'une réunion de haut niveau organisée à New York par l'ONU.Premier constat, « si nous ne prenons pas les mesures rapides décidées notamment lors du dernier G20 à Londres en matière de doublement ou de triplement [des fonds dont disposent les institutions internationales, Ndlr], nous laisserons la pauvreté s'accroître », ce qui « remettra en cause les efforts engagés depuis longtemps », a prévenu Christine Lagarde. En avril à Londres, les pays du G20 avaient promis d'augmenter les moyens du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. C'est pourquoi, selon la ministre, le prochain G20, qui se tiendra en septembre à Pittsburgh, devra faire le point sur la mise en ?uvre de ces promesses.Deuxième constat : c'est au moment où les pays en développement ont le plus besoin de moyens pour soutenir leur économie que leurs ressources se tarissent, qu'il s'agisse des recettes d'exportation, de l'aide publique au développement, des flux de capitaux privés ou des transferts des travailleurs migrants. À cela s'ajoutent « les difficultés de ces pays à lever des fonds sur les marchés financiers à un prix raisonnable, y compris des pays qui se sortent bien de la crise comme l'Indonésie », a rappelé la ministre indonésienne des Finances, Sri Mulyani Indrawati.« la ligne de crédit flexible »Pour contrer ce tarissement, quelques pistes sont explorées. Celle par exemple de la création d'un fonds de garantie « permettant aux pays en développement de lever des capitaux pour financer leurs mesures contracycliques », a souligné la représentante de Jakarta. De son côté, John Lipsky, premier directeur général adjoint du FMI, « garde l'espoir que soit approuvée la nouvelle affectation de droits de tirage spéciaux à hauteur de 250 milliards de dollars », qui permettra d'augmenter la capacité de prêter de l'institution de Washington. Enfin, Christine Lagarde a évoqué « la ligne de crédit flexible », mise en place par le FMI et « qui a rencontré un vrai succès », et milité pour « l'assouplissement de la conditionnalité des prêts » de l'organisation. Mais, en réalité, « toutes ces pistes consistent en des prêts, avec le risque qu'au bout du compte les pays en développement se retrouveront avec des croissances économiques ralenties et le retour de l'endettement », a critiqué Jean Merckaert, du Comité catholique français contre la faim et pour le développement.
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