Épreuve en vue pour la coalition allemande

ÉlectionsOn croyait la campagne électorale allemande soporifique, du fait du profond ennui qu'elle distille. La voici qui entre dans sa dernière ligne droite. Et les états-majors berlinois vont avoir une ultime possibilité de mesurer leurs forces avant le scrutin fédéral du 27 septembre prochain. Les électeurs de trois Länder, Sarre, Thuringe et Saxe, sont en effet appelés ce week-end à renouveler leurs parlements régionaux, tandis que ceux de Rhénanie du Nord-Westphalie renouvelleront leurs conseils municipaux. S'il est toujours difficile outre-Rhin d'extrapoler sur des résultats locaux, cette fois, les élections au Bundestag sont trop proches pour que le scrutin de dimanche ne soit pas un test national. Le score du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel sera notamment très observé. La CDU gouverne actuellement dans les trois Länder cités, seule, en Sarre et en Thuringe et dans le cadre d'une grande coalition avec les sociaux-démocrates du SPD en Saxe. Selon les sondages, elle pourrait subir partout des pertes sensibles.Alliances stratégiquesPour rester au pouvoir, la CDU compte donc sur un bon score de ses alliés traditionnels, les libéraux du FDP. Mais si, en Saxe, cette coalition « noire-jaune » doit l'emporter, elle est loin d'être assurée de la majorité en Sarre et en Thuringe. Et du coup, la question des coalitions, brûlante également au niveau fédéral, revient au premier plan.En Sarre comme en Thuringe, les sociaux-démocrates envisagent ainsi ouvertement de s'allier au parti de gauche Die Linke, formé de déçus du SPD et des anciens du parti unique de l'ex-RDA. Le candidat à la chancellerie, Frank-Walter Steinmeier, a rappelé que la vocation de son parti était de diriger des Länder, y compris avec l'aide de Die Linke. Les relations avec les deux partis sont pourtant tendues. Certes, il existe déjà dans le Land de Berlin une coalition « rouge-rouge », mais l'expérience est restée isolée. Une tentative de gouvernement « rouge-rouge-vert » en Hesse s'était, en 2008, soldée par des divisions internes et un fiasco politique pour le SPD. Mais cette fois, ces alliances locales s'inscrivent dans la stratégie électorale de Frank-Walter Steinmeier, qui souhaite donner une image du SPD plus éloignée de la grande coalition, de même qu'il souhaite appuyer sur son caractère combatif et rappeler sa vocation à gouverner. In fine, il veut relancer la dynamique d'un parti qui compte plus de 15 points de retard sur la CDU dans les sondages?Mais il joue gros, dans un pays où l'anticommunisme est très fort, y compris au sein du SPD. La droite ne s'y est pas trompée et le FDP s'est effrayé de la création d'un « front d'union socialiste ». Pour Die Linke, ces coalitions « rouge-rouge » seraient un vrai succès et lui donneraient une crédibilité nouvelle. L'entrée dans l'exécutif sarrois, notamment, serait une première à l'Ouest. Die Linke, qui n'a guère profité de la crise dans les sondages, pourrait y gagner quelques voix avant le scrutin général du 27 septembre.
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