Pfizer relance les fusions

Éric Chalmetà New York Le PDG de Pfizer, Jeff Kindler, s'est résolu à réaliser le type de « mégafusion » qu'il critiquait voilà peu. Alors que Kindler affirmait l'an dernier que les grandes acquisitions « peuvent être très perturbatrices » pour les entreprises et leurs employés, le numéro un mondial de la pharmacie a confirmé hier le rachat de son compatriote Wyeth, pour 68 milliards de dollars. Kind- ler renoue ainsi avec la stratégie de son prédécesseur, Hank McKinnel, qui avait mis à son actif, en 1999, la plus importante acquisition du secteur, celle de Warner-Lambert pour 115 milliards de dollars, avant de s'offrir Pharmacia pour 60 milliards de dollars.naissance d'un géantPour les analystes, la marge de man?uvre de Jeff Kindler était ténue. « Racheter une entreprise telle que Wyeth constituerait la seule solution réaliste pour Pfizer », a averti la semaine dernière Tim Anderson, chez Sanford Bernstein, alors qu'enflaient les rumeurs de mariage. Pfizer fait face à une érosion de ses résultats avec l'essor des produits génériques. De plus, le brevet de sa molécule vedette ? l'anticholestérol Lipitor qui représente 12 milliards de dollars sur ses 48,3 milliards de revenus annuels ? tombera dans le domaine public en 2011 sans que Pfizer ait su le remplacer par de nouvelles molécules aussi rémunératrices.Le rapprochement qui doit être bouclé avant la fin 2009 donnera naissance à un géant dont les ventes et les effectifs s'élèveront respectivement à 75 milliards de dollars et 130.000 personnes. Cette entité supprimera 19.000 postes et fermera cinq usines, efforts qui lui permettront d'économiser 2 milliards de dollars dans les deux ans et de rendre alors l'opération relutive.Outre ces synergies, le groupe fusionné sera plus diversifié, « aucun médicament ne devant représenter d'ici à 2012 plus de 10 % du chiffre d'affaires combin頻. En acquérant Wyeth, Pfizer mettra la main sur deux de ses « blockbusters »?: le Prevnar, un vaccin antipneumococcique pour enfants, et l'Enbrel, un traitement contre la polyarthrite rhumatoïde. Mais en 2010, le brevet du produit le plus vendu par Wyeth, l'antidépresseur Effexor XR, tombera dans le domaine public.Wall Street estime que ce mariage encouragera d'autres sociétés ? dont Johnson & Johnson, Merck et Bristol-Myers Squibb ? à procéder à leur tour à une large fusion-acquisition. « Il existe peu d'entreprises dans le monde qui pourront lever de l'argent dans cet environnement (?économique?), mais ces entreprises en obtiendront », assure Barbara Ryan, analyste chez Deutsche Bank, car elles ont la capacité de générer des bénéfices même en période de récession.Pfizer va d'ailleurs réaliser son acquisition en actions et en titres, mais aussi grâce à un crédit de 22,5 milliards de dollars apporté par un consortium de banques. Mais en cas de forte dégradation de sa notation par les agences d'évaluation financière, ces banques pourront annuler leur prêt. Par ailleurs, les indemnités de rupture ont été fixées à 4,5 milliards de dollars pour Pfizer, un montant historiquement élevé. Hier, Standard and Poor's a annoncé qu'elle pourrait retirer sa note maximale AAA à Pfizer tandis que le titre perdait 7,2 % à 16 dollars à la mi-séance. nPfizer fait face à une érosion de ses résultats avec l'essor des produits génériques.
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