Un géant européen est né de la crise

La crise financière qui sévit depuis l'été 2007 n'a pas épargné la gestion d'actifs?: forte baisse des encours, décollectes sans précédent? Moyennant quoi les revenus de cette industrie chutent mécaniquement. Aussi n'a-t-elle aujourd'hui plus d'autre choix que de se restructurer. En France, une société de gestion sur deux devra le faire ou disparaître, prévenait hier Multiratings, consultant de cette industrie. Si aucune n'a encore mis la clé sous la porte, les consolidations dans le secteur ont commencé. Crédit Agricole et Société Générale ont donné hier le coup d'envoi en créant un « pôle commun de gestion d'actifs » de dimension mondiale avec 638 milliards d'euros d'encours gérés. Ayant vocation à être cotée en Bourse d'ici à cinq ans, ce pôle s'affiche d'entrée de jeu comme le deuxième acteur français derrière Axa IM, le quatrième à l'échelon européen et le neuvième à l'échelle de la planète. « Ce partenariat est le meilleur moyen de participer à la consolidation du secteur », a déclaré Frédéric Oudéa, directeur général de Société Générale. dirigée par Yves PerrierPour Georges Pauget, directeur général de Crédit Agricole, « c'est un accord industriel sur la distribution de solutions d'épargne et de gestion ». La nouvelle entité, dont le nom reste à définir, sera détenue à 70 % par Crédit Agricole et 30 % par Société Générale, et sera dirigée par Yves Perrier, directeur général de Crédit Agricole Asset Management (CAAM). Jean-Pierre Mustier, actuel patron de Société Générale Asset Management (SGAM), n'y occupera aucune fonction. Patron en exercice de SGIM, il considère avoir fort à faire avec la banque privée et les services aux investisseurs. Il doit aussi amarrer SGAM AI, la filiale de gestion alternative, à Lyxor à l'intérieur de la banque de financement et d'investissement de son groupe. Mais également organiser la cotation d'ici à cinq ans des 80 % de TCW, la filiale américaine de gestion d'actifs restée à l'écart de l'opération du jour. CAAM apporte donc 100 % de ses activités de gestion mais pas Sgam. Seules ses gestions européennes, asiatiques, Étoile Gestion (Crédit du Nord, la filiale de SG) et 20 % de TCW sont mis dans le pot commun. Financièrement, ce rapprochement devrait permettre de réaliser des synergies de l'ordre de 120 millions d'euros avant impôt en année pleine d'ici à trois ans. Les deux groupes visent aussi un coefficient d'exploitation inférieur à 50 %, contre 53 % à fin septembre 2008. Des économies d'échelle seront aussi réalisées avec l'ambition de baisser les coûts de production à 10 points de base (pb) en moyenne d'ici à trois ans contre 14 actuellement.« Ce rapprochement est une réponse offensive au contexte actuel avec une offre de gestion complète et adaptée sur chaque segment de clientèle, une couverture géographique étendue et une position de leader en termes d'efficacité opérationnelle », se félicite Yves Perrier. De nombreuses questions restent néanmoins en suspens. Celle du maintien de Lyxor dans le giron de la BFI de la Générale pour commencer. « Son activité est très proche de celle de la BFI » justifie Jean-Pierre Mustier. Lyxor et Casam seront donc en concurrence frontale, avec un avantage certain pour la première. Surtout, Lyxor gagne de l'argent, à la différence de SGAM, et constitue un bijou de famille. Ensuite, curieusement, la question sociale ne semble pas encore avoir été analysée. Le rapprochement ne se fera pas sans casse. Avec 70 % du join-venture,il appartient au Crédit agricole de la régler.
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