Mariage sans faste entre

Amorcé en octobre, le rapprochement des groupes Caisse d'Épargne et Banque Populaire a finalement été officialisé hier soir. Presque en catimini, tant les 2,5 milliards de pertes cumulées dévoilées en parallèle par les deux groupes (lire ci-dessous) et la perte d'autonomie des mutualistes vis-à-vis de l'État n'incitaient guère à parader.Le communiqué conjoint des deux mutualistes précise les contours du futur ensemble, qui deviendra dès juillet le deuxième groupe bancaire français, avec 7.700 agences, 34 millions de clients (dont ceux qui n'ont qu'un livret A), 7 millions de sociétaires, 500 milliards d'euros de dépôts et 350 milliards de crédits, pour 40 milliards de fonds propres. Mais les deux réseaux, qui conserveront leur marque, resteront indépendants ? donc concurrents ? sur le terrain, à l'image de Peugeot et Citroën au sein du groupe PSA.paritéMinés par leur situation financière précaire ? l'Écureuil manquant de fonds propres, les Banques Populaires de liquidités ? et leurs querelles de clocher, les mutualistes ont dû accepter l'intrusion des pouvoirs publics dans le capital et la gouvernance du futur organe central, qui sera détenu à parité par les deux réseaux. L'État devait déjà apporter aux deux mutualistes 2 milliards d'euros de fonds propres au titre du plan mis en ?uvre par Bercy pour assurer le financement de l'économie, en plus des 2 milliards déjà injectés en octobre. Il ajoute 3 milliards d'euros sous forme d'actions préférentielles sans droit de vote, convertibles en actions ordinaires au bout de trois à cinq ans si le groupe ne les a pas remboursés. L'État pourrait ainsi détenir « jusqu'à 20 % », même si, sur la base de la valorisation actuelle, estimée à 17 milliards, sa participation ne dépasse pas 17 %. Une injection de fonds destinée à assurer au futur ensemble une assise financière suffisante. Et à soutenir Natixis, dont le futur conseil d'administration sera présidé par François Pérol, Dominique Ferrero conservant la direction exécutive qu'il occupe depuis le lancement de la banque de financement et d'investissement en 2006.présidence tournanteLe périmètre du nouveau groupe inclura finalement Natixis, Société Marseillaise de Crédit, Financière Océor, GCE Assurances, BCP France, BCP Luxembourg et les 17,7 % de l'Écureuil dans CNP Assurances. Quant aux filiales immobilières, notamment l'administrateur de biens Foncia côté bleu et le promoteur Nexity côté rouge, elles ont vocation à être apportées au groupe dans un second temps.Côté gouvernance, la présidence du conseil de surveillance, promise à Philippe Dupont, tournera entre les deux groupes tous les deux ans, au risque de nouvelles querelles. François Pérol, actuel secrétaire général adjoint de l'Élysée, doit devenir le président du directoire du futur organe central. En attendant, il a été nommé patron exécutif des bleus mercredi soir, puis des rouges hier matin, et prendra ses fonctions lundi.Mais un coup de théâtre ne peut être totalement exclu. De fait, la polémique causée par cette nomination ne cesse de rebondir. Hier, le président de la Commission de déontologie, Olivier Fouquet, a indiqué au « Monde » que son avis personnel, exprimé par lettre à l'Élysée, n'engageait que lui-même. Il est allé jusqu'à mettre en garde les pouvoirs publics contre un risque juridique, expliquant que le défaut de saisine de la Commission est un délit pénal passible de trois ans d'emprisonnement et 3.000 euros d'amende. n le nouvel ensemble comptera 7.700 agences et sept millions de sociétaires.
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