Le débat sur la fusion des Länder ressurgit en Allemagne

Au moment même où la France réfléchit à son découpage administratif, le débat refait surface outre-Rhin. Mercredi, le chef du groupe social-démocrate (SPD) au Bundestag, Peter Struck, a déclaré dans une interview au très populaire « Bild Zeitung » que, « pour être capable de faire face à l'avenir, l'Allemagne devra réduire le nombre de ses Länder dans les dix prochaines années ». Peter Struck réagissait au sauvetage de la banque régionale HSH Nordbank lundi (lire « La Tribune » du 24 février) par les Länder de Schleswig-Holstein et de Hambourg, moyennant un chèque de 3 milliards d'euros et une garantie de 10 milliards. De telles sommes pèsent très lourd dans le budget de Länder aux dimensions économiques modestes et qui reçoivent beaucoup d'argent de l'État fédéral et des autres Länder. D'où l'idée de renforcer la structure économique des Länder en fusionnant les plus faibles, comme par exemple les 3 villes-États ou ceux qui sont peu peuplés, comme la Sarre ou le Schleswig-Holstein, avec leurs voisins plus solides. Selon l'institut DIW, le nombre des Länder devrait passer de 16 à 10.dépenses non justifiéesOliver Koppel, chercheur à l'institut économique de Cologne IW, se dit très favorable à cette idée. « Cela représenterait une économie considérable pour le budget de l'État », indique-t-il en soulignant, par exemple, que le Sénat de Brême, le Parlement de la ville-État, représente un coût considérable pour un petit nombre d'habitants. Bref, pour cet expert, la structure administrative actuelle de l'Allemagne crée « des dépenses qui ne sont guère justifiées ». D'autant que ces petits Länder sont souvent endettés et mal vus par les agences de notation. Des fusions, estime Oliver Koppel, « amélioreraient l'accès aux marchés financiers » de ces territoires. La proposition de Peter Struck a d'ailleurs reçu plusieurs soutiens politiques outre-Rhin, à droite comme à gauche, notamment de la part du ministre-président de Basse-Saxe, Christian Wulff.Pourtant, Oliver Koppel n'est pas très optimiste quant à la réalisation d'un tel projet. « Il existe beaucoup de princes locaux qui n'ont pas intérêt à soutenir cette idée, quelle que soit sa justification économique », constate-t-il. D'autant que les petits Länder bénéficient d'un pouvoir et d'une redistribution économique généreuse. Hier, le ministre-président de Sarre, Peter Müller, s'est emporté contre l'idée d'une fusion. Et comme les citoyens ne sont généralement pas favorables à ces fusions, comme l'a montré le projet avorté de rapprochement entre Berlin et le Brandebourg après l'échec d'un référendum en 1996, il est peu probable qu'une réforme de ce type voie le jour.
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