Il est d'autant plus regrettable que le sujet du nouveau Bretton Woods ne soit même pas à l'ordre du jour du G20 du 2 avril à Londres. Souhaitée par Nicolas Sarkozy en novembre, la réforme du système monétaire international est pourtant devenue un enjeu chaud, très chaud, depuis le début de cette semaine. Sur fond d'étalon monétaire élastique, on assiste, depuis lundi, à une surenchère surréaliste visant à mettre un terme au rôle de monnaie internationale que joue le dollar depuis les fameux accords de 1944.C'est la Chine qui a tiré la première. Après avoir exigé, par la voix du Premier ministre chinois, des garanties pour protéger ses 740 milliards de dollars d'investissements en bons du Trésor américains, qui font d'elle le premier créancier des États-Unis et qui ont bondi de 46 % l'an dernier, le gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan a proposé lundi l'adoption d'une nouvelle monnaie de réserve internationale. Sous la houlette du FMI, il souhaite que les DTS, les droits de tirage spéciaux crées en 1969, sorte d'esperanto monétaire, prennent le relais du dollar. Coup de tonnerre dans un ciel qui redevenait plus serein pour un dollar chahuté. Le FMI appuiLe surlendemain, le secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner, se déclarait « ouvert » à l'idée d'un usage élargi de cette unité de compte indexée sur un panier composé des quatre principales monnaies mondiales, envoyant le dollar au tapis. Au point d'être obligé de renchérir en déclarant que le billet vert était assuré de conserver son statut de monnaie de référence pendant encore longtemps et de rappeler l'engagement des États-Unis en faveur d'un dollar fort. Dans la foulée, le FMI, ainsi adoubé, déclarait par la voix de son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, que les discussions sur une nouvelle monnaie internationale pour remplacer le dollar étaient « légitimes », ajoutant que « la crise renouvelait l'intérêt pour cette question ».Le feuilleton a rebondi hier, avec l'entrée en lice de la Russie, soucieuse de ne pas être en reste. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Andrei Denisov, a réclamé la tenue d'une conférence internationale pour discuter de la création d'une nouvelle monnaie mondiale, annonçant qu'il avait le soutien de pays émergents clé, Brésil, Inde, Chine, Corée du Sud et Afrique du Sud.Face à la concurrence d'un « globo putatif », on ne s'étonnera pas que le dollar continue à jouer les ludions, bien qu'il soit encore, sans conteste, l'hégémonique monnaie de réserve, de transaction et de facturation. Hier, il a subi de nouveaux coups d'accordéon, au gré des prises de positions préparant son enterrement.Isabelle Croizard

latribune.fr

08 Avr 2009, 1:37

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