Alerte sur les résultats

Une crise peut en cacher une autre. Car si le pire, en l?occurrence une faillite du système bancaire, a été évité, le meilleur n?est pas forcément à venir. Du moins, tant que les effets de la raréfaction des octrois de crédit continueront de peser sur une économie qui tournait déjà au ralenti depuis plusieurs mois.« On assiste à une rupture liée à l?effet cumulatif de la crise financière et de la récession qui a débuté en mars », confirme Romain Boscher, directeur des gestions actions de Groupama Asset Management. Avec comme principale conséquence de bouleverser les feuilles de route des entreprises dont les directions ont visiblement été prises de court par ce changement de donne. D?après Anthony Penel, gérant chez Rothschild Asset Management, « jusqu?à un passé très récent, les dirigeants d?entreprise ne voyaient rien venir. Il semblerait, à l?image de SAP, que la situation ait commencé à se dégrader vers la fin du mois de septembre ». Ainsi, tout au long de la semaine, une pluie d?alertes sur résultats s?est abattue sur la Bourse de Paris. évolution du consensusVeolia Environnement a lancé les hostilités la semaine passée. D?autres ont suivi. Comme Saint-Gobain ou Faurecia qui, dans le sillage de Valeo, ont revu leurs ambitions de résultats annuels à la baisse. Très vite relayés par les constructeurs Peugeot et Renault (voir aussi l?article page 16). « Tout est remis en question par le fait que, au-delà de la dégradation de la conjoncture, les problèmes d?accès au crédit concernent toutes les entreprises. Ce qui explique que le secteur des biens de consommation durable soit plus particulièrement affect頻, glisse Romain Boscher. Les fabricants de biens d?équipement font également partie du lot. À l?image de Schneider, qui a émis quelques réserves sur sa capacité à dégager une croissance organique de 8 % cette année. Ce qui, par contagion, a semé le doute sur la teneur du carnet de commandes d?Alstom. A contrario, les groupes d?agroalimentaire tiennent le choc?: Danone a maintenu ses objectifs tandis que Nestlé a relevé les siens. Au vu de l?évolution du consensus, les analystes ont, tant bien que mal, tenté de rectifier le tir. D?ailleurs, Éric Galiègue, président de Valquant (Groupe DayByDay), remarque qu?« en un mois et demi, les révisions à la baisse des bénéfices attendus en 2009 pour les sociétés du CAC 40 représentent un montant de 7 milliards d?euros ». Et d?ajouter?: « Pour certaines entreprises comme Peugeot, les prévisions de résultats ont été réduites de près d?un tiers. » Mais les pronostics des experts, qui, selon Facstet, portent sur une progression moyenne de 8,6 % des profits par action en 2009, seraient encore bien trop élevés. Pour Pierre Sabatier, responsable de la stratégie, les niveaux actuels de l?indice DJ Stoxx 600 intégreraient « une chute de 40 % des résultats en 2009 et de 20 % en 2010 ». Laissant craindre une nouvelle série d?avertissements au cours des mois, voire des semaines à venir. FABIO MARQUETTY
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