La future classe de seconde crée des bugs

Trop timide pour les uns, mettant en péril le lycée pour les autres? C'est le moins que l'on puisse dire, la grande réforme du lycée annoncée par Xavier Darcos ne fait pas consensus. Mais une chose est sûre, la future classe de seconde, qui sera divisée en modules semestriels, verra le jour dès la rentrée 2009. Ce qui laisse peu de temps pour mettre au point les nouveaux programmes. De toute évidence, le ministre de l'Éducation nationale veut mener sa réforme au pas de charge. Dès le 4 novembre ont été mis en place quinze groupes d'experts de 5 à 7 personnalités (universitaires, enseignants, inspecteurs pédagogiques régionaux?) chargées, sous la houlette d'un inspecteur général, de plancher sur l'« adaptation aux modules » des principales disciplines actuelles. Ces experts doivent rendre leur copie le 15 décembre.Pour une majorité de syndicats enseignants, ce calendrier est pure « folie », alors qu'en général, la mise au point de nouveaux programmes demande six à sept mois et qu'une année sépare la publication des circulaires de l'application des nouveaux programmes. « C'est aller beaucoup trop vite alors qu'il s'agit d'une véritable transformation voire de changements complets de disciplines », estime Roland Hubert du Snes-FSU. De fait, les modules optionnels, dits « exploratoires » ou « d'approfondissement » pourront être suivis sur un ou deux semestres, donc débutés en début ou en milieu d'année scolaire. Sans compter qu'on trouve à côté des langues et des maths l'initiation aux sciences de gestion ou médico-sociales ou encore aux technologies de l'hôtellerie? Un véritable casse-tête tant pour les enseignants, les chefs d'établissement, que pour les éditeurs de manuels scolaires qui auraient poussé pour que les programmes soient calés au plus vite. EquitéUn coût supplémentaire aussi pour les conseils régionaux qui financent souvent l'achat des manuels scolaires via une dotation forfaitaire aux établissements (sur la base généralement de 130 à 160 euros par élève). Pour le ministère de l'Éducation nationale, le calendrier ne pose pas de problème puisqu'il s'agit seulement d'une adaptation des programmes, les matières ne changeant pas. Rien de plus simple donc, d'autant plus, insiste-t-on rue de Grenelle, que les modules se veulent avant tout « exploratoires », même quand il s'agit d'approfondissement, et ne préjugent en rien de l'orientation en classe de première. Xavier Darcos veut en finir avec la seconde de détermination qui « pré-oriente » et l'inégalité des filières. Pas sûr que la course à la bonne classe s'arrête avec la future seconde, qui risque de voir certains lycées sélectifs ne proposer que certains modules, plus rares. Aux recteurs de veiller à l'équité de l'offre éducative, affirme l'entourage de Xavier Darcos, qui réfléchit à une carte de cette offre. Clarisse Jay
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