Service minimum : le gouvernement joue l'apaisement

Prudence toute sur le service minimum?! Pas question de jeter de l'huile sur le feu alors qu'aujourd'hui, huit organisations syndicales manifestent de manière unitaire, drainant des milliers de salariés du public et du privé dans les rues. Après la colère du chef de l'État à la mi-janvier contre le blocage de la gare Saint-Lazare, le ton a radicalement changé. Hier, Luc Chatel a joué l'apaisement. Reconnaissant qu'il y avait une réflexion en cours aux ministères du Travail et des Transports sur des « ajustements » à apporter à la loi d'août 2007, le porte-parole du gouvernement a précisé qu'« il ne s'agit pas de remettre en cause le droit de grève ».L'exécutif fait d'autant plus profil bas que, pour la journée d'aujourd'hui, le texte qu'il a lui-même fait adopter est respecté. Celui-ci se limite à obliger les grévistes à faire part de leur intention 48 heures à l'avance, de manière à pouvoir organiser le trafic et à en informer les voyageurs. Et le contrat est rempli, selon la SNCF : « Avant, nous faisions des prévisions à la louche. Aujourd'hui, nous les tenons exactement, sauf exception si un cheminot tombe malade », souligne un porte-parole de l'entreprise publique.« Ajustements »Les ajustements préparés par Dominique Bussereau et Brice Hortefeux portent sur un tout autre type de conflit. Le gouvernement souhaite notamment limiter les grèves de 59 minutes par jour, comme celles menées à la gare Saint-Lazare en décembre et janvier. Autorisées par la loi, elles permettent aux cheminots de ne perdre qu'un dixième de salaire par jour, tout en désorganisant le trafic. Le gouvernement pourrait s'inspirer de la proposition de loi déposée au Sénat par Hugues Portelli. Elle prévoit qu'avec 5 heures de grève perlée dans la semaine, l'agent perdrait désormais une journée de salaire et non plus une demi-journée. En revanche, l'idée avancée par le député Éric Ciotti, à savoir que « le préfet dispose d'un droit de réquisition en cas d'atteinte caractérisée et prolongée à la liberté de circuler » serait socialement explosive et risquerait de se heurter à la censure du Conseil consitutionnel. La même prudence devrait être de mise sur l'encadrement du « droit de retrait » qui permet de cesser le travail en cas de « danger grave et immédiat » et a provoqué la fermeture totale de la gare Saint-Lazare le 13 janvier. La direction de la SNCF démine déjà le terrain. Le 4 février, Guillaume Pepy rencontrera les syndicats pour « trouver d'autres solutions permettant aux cheminots d'exprimer leur émotion ».Dans l'Éducation nationale, l'heure semble aussi à une certaine indulgence, même si le discours se veut ferme. En dépit de la constitution de listes « vivier » de personnes qualifiées mobilisables, l'application du service minimum d'accueil, obligatoire dès lors qu'il y a 25 % d'enseignants grévistes, devrait patiner aujourd'hui. Nombre d'employés municipaux seront en grève ou incapables de se déplacer faute de transports. La bienveillance devrait donc être de mise pour les communes en difficultés. Mais pas question d'accéder à la demande des maires ruraux de supprimer l'obligation d'accueil dans les communes de moins de 3.500 habitants. Quant aux grandes villes récalcitrantes, telle Paris, « ce sera aux préfets d'engager les sanctions », botte en touche l'entourage de Xavier Darcos. Prudence, on vous dit?
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