« Ahmadinejad tient fermement le pouvoir »

Mahmoud Ahmadinejad prêtera serment devant le Parlement le 5 août. A-t-il son appui??S'il obtient le soutien du Parlement, ce sera du bout des lèvres. Celui-ci, bien que conservateur, n'est pas d'accord avec les positions très provocatrices du président et craint pour l'avenir du régime. Il est également très inquiet par la manière totalitaire dont Ahmadinejad et la fraction des pasdarans dont il est issu, les gardiens de la révolution islamique, exercent le pouvoir.Quel est aujourd'hui le jeu du guide suprême??L'ayatollah Ali Khamenei a marqué ses distances avec Ahmadinejad en critiquant son choix de prendre Esfandiar Rahim Machaii au poste de premier vice-président. Machaii avait déclaré que l'Iran est l'ami du peuple israélien. En fait, le rapprochement entre Khamenei et Ahmadinejad après la présidentielle n'avait d'autre but que de contrer les réformateurs jugés comme une menace. Aujourd'hui, Khamenei hésite cependant à s'opposer plus franchement à Ahmadinejad.Que redoute-t-il??Il craint les puissants pasdarans. Ceux-ci ont conquis tous les leviers, militaire, économique et, plus récemment, politique. Outre leurs armes, ils disposent de prisons, d'universités, de ports d'où sont importés et exportés des biens qui échappent à la douane. Comme ils n'ont pas le soutien populaire, les pasdarans veulent aller plus loin que les autres courants du pays sur certains dossiers comme celui de l'industrie nucléaire. Grâce à eux, Ahmadinejad est fermement accroché au pouvoir.Quelle est issue??Avec Ahmadinejad au pouvoir, la situation ne peut qu'empirer, en termes de provocation et d'utilisation des chiites des autres pays voisins. C'est la fuite en avant. L'économie iranienne est plongée dans le chaos. Dialoguer avec les Américains reviendrait à faire une concession aux réformateurs et donc affaiblir le pouvoir. De son côté, la rue radicalise ses revendications. Les candidats réformateurs malheureux à la présidentielle, comme Mirhossein Moussavi, sont un peu dépassés et le risque de répression est grand. Seul l'habile Rafsandjani, président du conseil de discernement, peut faire le pont entre la rue et Ahmadinejad. Il a pesé ses mots en invoquant « les doutes à lever » à propos des résultats de la présidentielle. Propos recueillis par Laurent Chemineau(*) Coauteur de l'ouvrage collectif « L'Iran sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad » (ed. L'Harmattan).Djamshid Assadi, professeur à l'ESC Dijo
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