Kabuto-chô glisse sur les mauvaises nouvelles

Est-ce la lassitude des mauvaises nouvelles qui a fini par l'emporter ? Toujours est-il que, en dépit de données économiques plus catastrophistes les unes que les autres, la Bourse japonaise arrive, à l'issue de cette année économiquement difficile, à limiter les dégâts. Avec une contre-performance annuelle de 43 % (et surtout de seulement 27 % pour les investissements faits en euros), le Nikkei, son indice phare, a mieux résisté que les Bourses européennes, mais aussi que l'ensemble de ses pairs asiatiques. À titre de comparaison, sur ce dernier continent, l'indice MSCI hors Japon affiche un retard de 55 %, soit sa pire performance en vingt ans. Plus anecdotique, mais révélatrice de cette tendance des investisseurs à vouloir se mettre des ?illères, la séance de vendredi a également contribué à sauver les apparences. L'indice Nikkei a connu sa plus forte hausse ? soutenu, il est vrai, par la faiblesse des volumes ? des six dernières semaines (+ 1,63 % à 8.739 points). Et ce, en dépit d'une avalanche de publications, ce même jour, de statistiques inquiétantes. L'horizon ne cesse en effet de s'obscurcir : la production industrielle a connu une chute de 8,1 % en novembre par rapport à octobre, la plus lourde jamais enregistrée ; le taux de chômage a augmenté à 3,9 %, alors que la consommation des ménages a reculé pour le neuvième mois d'affilée (? 0,5 %). spectre de la déflationEnfin, la plupart des économistes prévoient pour l'an prochain une évolution négative des prix. De quoi faire resurgir le spectre de la déflation déjà longuement endurée par l'archipel après l'éclatement de la bulle spéculative immobilière et boursière du début des années 1990. Par conséquent, tout porte à croire que l'année prochaine sera des plus noire. À moins ? et c'est l'idée, peut-être illusoire, à laquelle les investisseurs se raccrochent depuis la semaine dernière ? que les toutes récentes mesures prises par le gouvernement ne fassent enfin sentir leurs premiers effets. Le ministre de l'Économie s'est en tout cas engagé, si les conditions économiques continuent de se détériorer, à faire preuve d'une souplesse fiscale maximale avec, à la clé, un paquet fiscal supplémentaire de 829 milliards de dollars. De son côté, la Banque du Japon, après avoir à nouveau abaissé ses taux directeurs, a annoncé des mesures de soutien à la liquidité en vue de permettre davantage de prêts aux entreprises. Ses membres réfléchissent également à la mise en place d'un plan de rachat plus large de titres, incluant à la fois des obligations d'entreprises et des actions. « La banque centrale a fait tout ce qu'elle pouvait en réponse à la crise globale », explique un économiste de la Bank of Tokyo Mitsubishi UFJ. Selon lui, le fait qu'elle ait adopté une politique d'assouplissement quantitatif (qui favorise l'injection de cash dans l'économie, en rachetant de la dette) devrait en outre contribuer à affaiblir la devise du pays. Ce point s'est en tout cas vérifié la semaine dernière, après le léger reflux du yen face au dollar (? 1,2 %) et à l'euro (? 2,2 %), et son impact positif sur certaines valeurs exportatrices (Toyota : + 1,93 % ; ou Elpida Memory : + 3,8 %) vendredi. Cette détente ne demande toutefois qu'à se confirmer. Le yen s'étant envolé cette année de près de 28 % contre l'euro et de 24 % contre le billet vert. Marjorie Bertouille
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