L'Amérique en plein examen de conscience

We have screwed up ». Littéralement, on a foiré. C'est dans ces termes brutaux que s'exprimait hier un ex-membre du conseil de la Federal Reserve, aujourd'hui économiste renommé, devant une centaine de personne réunies pour conjecturer sur l'économie américaine. Les Américains, alors qu'ils venaient toujours à Davos en terrain conquis, se souviendront de l'édition 2009 comme celle de la repentance. Même l'ancien président Bill Clinton, qui parlait hier en séance plénière, faisait une sorte d'acte de contrition. « Nous connaissons une crise mondiale de déflation des actifs, et il nous faut aujourd'hui l'enrayer. Et l'Amérique doit montrer le chemin, parce que c'est chez elle que la crise a commenc頻, a t-il expliqué. Le sentiment est largement partagé : la crise, c'est la faute à l'Amérique, entend-on, dans les innombrables sessions du Forum de Davos consacrées à décortiquer les erreurs du modèle américain. Ici, on essaye de comprendre les conséquences de chute de Lehman : « 36 heures en septembre : qu'est-ce qui n'a pas marché ». Là, on tente de percer « le mystère du dollar ». Les participants s'interrogent sur l'avenir du modèle américain : « le monde peut-il vivre avec une Amérique frugale ? ». D'autres experts n'hésitent pas à asséner la « difficile leçon sur les déficits globaux » ou encore adresser leurs « conseils au président des états-Unis sur la productivité ». deux vedettesPeut-être il y a t-il un peu de vengeance après toutes ces années où la totalité des pays du monde a subi les leçons américaines sur le marché et ses vertus. Deux personnages éminents avaient ouvert le feu, mercredi soir, devant un centre des Congrès bourré à craquer : le premier ministre russe Vladimir Poutine, qui s'est payé le luxe de défendre les vertus du libéralisme. Quant au premier ministre chinois, Wen Jiabao, il a rappelé les causes de la crise financière, dénonçant notamment « les politiques macroéconomiques inappropriées de certaines économies et leur modèle insoutenable de développement » et « l'expansion excessive des institutions financières à la poursuite aveugle de profit ». Il n'était pas très difficile de reconnaître le pays visé? L'actualité économique américaine n'a pas contribué à alléger l'atmosphère. Ainsi,on apprenait hier que les ventes de maisons neuves atteignaient leur plus bas niveau en décembre dernier, avec un repli de 14,7%, tandis que les inscriptions au chomage étaient au plus haut depuis 26 ans : en 2008, l'économie américaine a détruit 2,8 millions d'emplois. Dans ces conditions, le discours de Valery Jarrett était très attendu. Cette proche du couple Obama, qui vient d'intégrer la Maison-Blanche avait en effet été dépêchée par le nouveau président américain à Davos. Ceux qui attendaient des scoops sont pourtant restés sur leur faim. « La crise provient d'une ère de profonde irresponsabilité tant de la part du gouvernement que du business, tant de la part des états-Unis que du reste du monde », a expliqué l'émissaire du président. « La crise est globale, l'économie est globale, les solutions doivent être globales », a-t-elle ajouté, avant de conclure, « une nouvelle ère de responsabilités commence », sous des applaudissements très mous. L'esprit de Chicago, invoqué par Valery Jarrett, sous forme d'allusion à la longue expérience du président Obama dans la ville américaine, n'a pas soufflé hier sur Davos. n Les Américains se souviendront de 2009 comme l'édition de la repentance.
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