En Russie, les banques françaises veulent limiter le risque « entreprise »

crédit« Le crédit bon marché, c'est fini, il faut revoir l'équilibre entre banques et entreprises », déclarait jeudi Philippe Delpal, président de BNP Paribas Vostok et de Cetelem Russie, lors d'une rencontre autour des « conditions d'accès au crédit et les contraintes des banques » organisée par la chambre de commerce et d'industrie française en Russie. Les banquiers ne cachent pas que la crise du crédit leur permet de reprendre la main par rapport aux entrepreneurs. « Il faut remettre en cause le zapping de banques pratiqué par les sociétés et les clients individuels, qui empruntent chez l'un, changent chez l'autre, recouvrent leurs créances chez un troisième, etc. », juge Philippe Delpal. « La crise remet à jour l'importance du partenariat à long terme entre banque et entreprises ». Un message qui laisse froid certains patrons. « Ils ne prêtent toujours pas d'argent aux PME, encore moins à celles du secteur de la distribution, où le chiffre d'affaires est fondé sur des produits importés », confie un participant français.La pénurie de crédit est en effet totale en Russie. « Les banques veulent surtout comprendre aujourd'hui quelles entreprises sont capables d'utiliser la crise pour faire un bond en avant. Pour l'instant on ne voit pas de secteur qui s'en sorte particulièrement bien », estime Natalia Orlova, économiste en chef chez le russe Alfa Bank. « Les banques font le ménage chez elles et sont donc moins présentes sur le march頻, justifie de son côté Philippe Delpal. « En interne, nous sommes tous sous pression pour maîtriser le risque. » « pme très vulnérables »Or, leurs clients russes sont en très mauvaise posture. « Les entreprises russes se sont lourdement endettées en devises alors qu'elles ont des revenus en roubles », explique le banquier, alors que la monnaie russe s'est fortement dévaluée.La Société Généralecute; Générale, de loin la première banque française en Russie, et qui vient d'ailleurs de renforcer sa présence dans Rosbank, note une amélioration certaine du côté des liquidités et ne craint pas de gros ennuis sur les crédits à la consommation. « Nous sommes déjà sur une bonne tendance côté impayés et nous avons une vision assez précise de ce qui se passe », juge Alexandre Mey, directeur général adjoint de BSVG, la filiale russe de la Société Généralecute; Générale. Les choses se compliquent quant aux entreprises. « Là, c'est beaucoup moins clair. Les PME restent très vulnérables et il est possible qu'une seconde vague frappe les grandes sociétés. Va-t-on voir des faillites au second semestre ? », s'interroge Alexandre Mey.Quant à la gestion de la crise par le gouvernement russe, tous ont des récriminations à faire? anonymement. Un banquier français juge que l'État russe s'est laissé aller au populisme et n'a pas vraiment encouragé la population à la responsabilité. « C'est dangereux de laisser croire qu'il n'est pas bien grave de pas payer son crédit », estime l'un d'eux. Un autre met en cause la banque centrale de Russie, qui « laisse planer une grande incertitude sur sa politique de refinancement ». Malgré ce tableau assez mitigé et des prévisions gouvernementales pessimistes de décroissance de 8 % du PIB en 2009, les banquiers français se disent toujours disposés à prêter localement. « Nous n'avons pas fermé la boutique », a beaucoup insisté Philippe Delpal.Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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