jardin

Le Festival de Cannes a beau être fini, ce n'est guère une raison pour bouder la Côte d'Azur. Elle nous a légué depuis les années 1920 certains des plus beaux jardins d'Europe. La Serre de la Madone est l'un de ceux-là. Non, ce ne sont pas des serres ! En pays méditerranéen le mot « serre » évoque la montagne, comme le font l'italien ou l'espagnol avec « sierra ». C'est par une route étroite dans l'arrière-pays de Menton, au c?ur de la vallée de Gorbio, que l'on découvre, après un virage, la petite entrée de ce jardin de 6 hectares à flanc de colline. Sauvé de justesse par la ténacité de deux historiens des jardins tombés amoureux du lieu, il est classé monument historique en 1990 et racheté par le Conservatoire du littoral en 1999.Depuis, Gilles Clément, paysagiste-conseil du Conservatoire, et Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques, ont dû repenser le lieu à l'aune de ses évolutions. L'urbanisme délirant de la région a fait de cette colline ensoleillée une terre ombragée. Pas question d'y replanter des espèces exotiques originales du temps du major Johnston ? il y acclimatait ce qui ne poussait pas dans son pays ? devenues parfois banales. Il y reste cependant des variétés si rares que les savants hésitent à les qualifier avec certitude. Et l'abandon n'a pas eu que des effets néfastes. Sous les amas de feuilles, de petites pousses ont refait surface. La magie des lieux n'a rien perdu, si l'on en croit ce qu'on pouvait lire à l'époque sur cette « jungle envoûtante et turbulente » : jeux d'échelles déconcertants, partout d'étranges feuillages persistants intriguent et impressionnent depuis les perruques des nolinas jusqu'aux spatules des vieux podocarpus et aux glaives élégants des furcreas. Mêlés aux palmiers et aux pittosporums rares, les vieux oliviers et les chênes verts d'origine se dressent ici et là. Vues plongeantesAprès soixante ans d'abandon, le tracé a conservé un équilibre parfait. Ici, la symétrie n'est jamais qu'apparente et le dénivelé de la Serre de la Madone oblige à découvrir l'ensemble du jardin verticalement depuis les pièces d'eau vers le haut et depuis la maison vers le bas. Mais Johnston, amoureux de son jardin, aménagea aussi d'étonnantes perspectives plongeantes en diagonale comme celle du belvédère aux glycines. Chaque parcelle offre à elle seule une aventure, prête à désorienter le visiteur qui chercherait à se rassurer par un itinéraire évident. C'est là tout le plaisir qu'on y trouve. Jusqu'à celui de découvrir une charmante bâtisse dont l'asymétrie doit encore tout à la volonté de son propriétaire de disposer de vues originales sur son jardin. Sophie Péters Visite guidée par des conférenciers agréés par le ministère de la Culture et par les jardiniers du domaine, tous les jours à 15 heures (sauf lundi). Tél. : 04.92.10.97.10 ou 04.92.10.33.66.
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