L'industrie high-tech japonaise submergée

L'inventaire fait froid dans le dos. Sur la seule journée d'hier, NEC, premier constructeur informatique japonais, a annoncé 20.000 suppressions de postes dans le monde, une perte anticipée de 290 milliards de yens (2,5 milliards d'euros) pour l'exercice clos fin mars ; Hitachi, le plus grand conglomérat d'électronique de l'archipel, 7.000 suppressions de postes, une perte historique de 700 milliards de yens (6,1 milliards d'euros), reflétant une chute « fulgurante » de la demande ; Toshiba, numéro deux mondial des mémoires flash, 4.500 suppressions d'emplois, une première perte annuelle prévue depuis sept ans, provoquant un plongeon de 17 % de son cours en Bourse.La salve lâchée hier par les groupes d'électronique japonais, qui s'ajoute aux annonces du même type déjà faites par Sony, TDK ou Kodak, souligne quel lourd tribut les groupes d'électronique japonais payent au décrochage de la conjoncture. Comme leurs concurrents étrangers, ces industriels font les frais du ralentissement de la demande mondiale qui conduit leurs clients à réduire drastiquement leurs stocks et les fabricants à intensifier une guerre des prix de plus en plus douloureuse pour leurs marges.recul du PIBMais ils doivent également composer avec des difficultés plus spécifiques. La subite remontée du yen érode leur compétitivité à l'export et les affaiblit par rapport à certains concurrents, coréens notamment. Leur marché intérieur est en capilotade. Selon le FMI, le PIB japonais devrait ainsi se contracter de 2,6 % cette année, soit le recul le plus fort attendu pour les pays du G7, avec la Grande-Bretagne.Les acteurs japonais présents sur les composants électroniques ? comme le sont NEC, Toshiba, et Hitachi ? sont en outre actifs sur un secteur heurté de plein fouet par la crise. Le marché des semi-conducteurs, très cyclique, devrait ainsi se replier de plus de 16 % en 2009, selon Gartner. Les chiffres de la production industrielle japonaise publiés hier ? catastrophiques, avec un recul constaté de 9,6 % en décembre sur un mois ? ont d'ailleurs montré que le secteur des composants électroniques a été le deuxième secteur le plus affecté après l'automobile, observe Caroline Newhouse-Cohen, spécialiste de l'économie japonaise chez BNP Paribas.L'ampleur des problèmes des industriels de l'électronique japonaise remet en question également leur modèle d'intégration verticale, analyse Benoît Flamant, directeur général d'IT Asset Management. Alors que certains de leurs concurrents ont opté pour des stratégies sans usines ? « fabless » ? ou reposant sur une sous-traitance accrue ? « fablight » ?, les groupes japonais d'électronique contrôlent encore le plus souvent intégralement leurs productions. Les coûts fixes élevés de cette industrie les exposent dès lors plus que d'autres aux retournements violents de conjoncture. nLe modèle japonais de groupes intégrés verticalement est remis en question.
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