La dépression gagne Davos

Ce devait être la réunion de la convalescence. Après tout, Davos n'est-elle pas la ville des sanatoriums?? Il s'agissait, pour les dirigeants d'entreprise, banquiers et responsables politiques, de retrousser leurs manches pour redessiner le monde de l'après-crise. L'intention des organisateurs de la 39e réunion annuelle de Davos, qui s'achève demain, sera restée au stade des v?ux pieux. Car non seulement le monde des affaires n'entrevoit toujours pas la sortie du tunnel, mais il s'enfonce chaque jour un peu plus dans la dépression, à la fois psychologique et économique. « Beaucoup d'erreurs ont été commises, on est passé de l'avidité à la peur », résume l'économiste Nouriel Roubini, qui avait sonné l'alarme dès 2006. « La vraie question est notre capacité à réguler les marchés financiers. Et nous devons admettre que nous avons échou頻, juge Steven Roach, président Asie de Morgan Stanley. Autant dire que les banquiers se sont montrés plutôt discrets à Davos, fuyant les panels et conférences. « Ils ne sortent que la nuit, pour les dîners », raconte un habitué, goguenard.Les scénarios de sortie de crise esquissés ces dernières semaines ont été remisés dans les tiroirs?: les hommes d'affaires croisés dans les couloirs du centre des congrès n'envisagent plus d'embellie avant 2011. « Cette année, mes activités en Chine afficheront une croissance négative. En réalité, il n'y a pas un endroit au monde qui soit en bonne sant頻, se lamente le patron d'un grand fonds américain. Tous font le dos rond, en attendant un secours de la puissance publique. « Le rôle des États et des gouvernements est repensé par le secteur privé?: il s'agit d'un grand changement culturel, sur fond d'introspection », explique la ministre des Finances Christine Lagarde, une fidèle de Davos.Au détour d'un couloir, Manuel Trevor, le ministre des ­Finances sud-africain, s'alarme de voir le continent noir laissé sur le côté?: « Les États-Unis ont annoncé leur plan, les Européens aussi et même chose pour la Chine. Le seul problème, c'est que chacun a travaillé dans son coin. » Tous les espoirs se portent à présent sur la réunion du G20 à Londres, le 2 avril prochain. Angela Merkel a annoncé hier qu'elle remettra à cette occasion une charte de gouvernance internationale, qu'elle souhaiterait faire adopter par l'ensemble des pays. Pour sa part, Gordon Brown, l'homme-clé du sauvetage des banques, a fait une nouvelle proposition?: il faut maintenant rétablir les flux de crédits même sans les banques, a-t-il expliqué, n'excluant pas de recourir à des options « radicales » comparables à celle qu'envisagerait la Réserve fédérale aux États-Unis pour prêter plus directement aux entreprises. Seul grand absent à Davos, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, qui n'a pas fait le voyage cette année. n
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