Obama déclare la guerre aux bonus des traders

Il ne faisait guère de doute que les banques seraient contraintes de revoir leur système de bonus. Le doute est désormais totalement levé depuis que le président américain a publiquement et vertement dénoncé le comportement « irresponsable » des banquiers, qui continuent à verser des bonus malgré l'effondrement du système bancaire. « C'est une honte », s'est exclamé Barack Obama en apprenant, jeudi dernier, que les firmes de Wall Street s'apprêtent à verser 18,4 milliards de dollars de bonus au titre de 2008. Un montant en recul de 44 % par rapport à l'année 2007 mais qui apparaît inacceptable aux yeux du président, alors que les pertes déclarées des grandes banques américaines s'élèvent à 610 milliards de dollars, que leur capitalisation a fondu de 70 % depuis le pic d'octobre 2007, que l'État a déjà injecté dans les banques quelque 200 milliards de capitaux et qu'un nouveau plan de sauvetage géant est annoncé.dérivesC'est également une réponse à une opinion publique de plus en plus exaspérée, qui a le sentiment que ce sont les contribuables qui paient aujourd'hui les bonus des banquiers. Il ne se passe plus un jour à New York sans que la presse ne dénonce la « cupidit頻 et de nouveaux « bonusgates ». Dernière affaire en date, la démission du président de Merrill Lynch, John Thain, pour avoir accordé 4 milliards de dollars de bonus à ses traders alors que la banque était virtuellement en faillite. Sous pression, la plupart des dirigeants des banques avaient déjà renoncé à leur bonus. Mais l'attaque du président Barack Obama vise désormais les bonus des traders, même s'il ne remet pas en cause le système en soi. « Il y a un temps pour verser des bonus, mais ce jour n'est pas encore venu », a-t-il précisé. Mais ni les baisses des bonus annoncées ? le cru 2008 se hisse au sixième en termes de montant ?, ni les milliers de suppressions de postes ne trouvent d'écho face aux dizaines de milliards de dollars versés ces dernières années. Chacun se souvient que Lehman Brothers avait versé 22 milliards de dollars de bonus sur les trois années qui précédèrent sa faillite.Même la presse financière, gardienne du temple, multiplie ses attaques contre les dérives d'un système qui enrichit les banquiers quand tout va bien et ruine les actionnaires quand tout va mal. Toutes les banques réfléchissent cependant à une refonte de leur système de bonus. Ils devraient en tout état de cause être moins rémunérateurs?: le coût du risque sera, cette fois-ci, réellement pris en compte dans le calcul des performances. éric Benhamou
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