Un avertissement pour d'autres établissements

Si elle affecte une entité concentrant à peine 1 % des actifs du système financier espagnol, la crise de la Caja Castilla La Mancha (CCM) n'en fait pas moins figure de sérieux avertissement, car c'est une première entaille dans la cuirasse. Certes, le système financier de l'Espagne a jusqu'ici mieux résisté que celui de ses voisines aux turbulences internationales. Il le doit avant tout à la stricte stratégie de supervision de la Banque d'Espagne (dont Madrid entend précisément vanter les louanges lors de la réunion du G20), fondée sur deux axes : exiger un provisionnement de caractère générique en époque de vaches grasses pour mieux faire face aux difficultés une fois la bise venue. Et empêcher la multiplication de produits structurés maintenus en marge de la comptabilité.talons d'achilleMais si cette politique de prudence a renforcé la solvabilité des institutions financières et les a exemptées de produits toxiques, elles n'en doivent pas moins faire face à leurs propres talons d'Achille : d'abord, leur exposition à un secteur immobilier qui fut, durant toute une décade, le moteur de la croissance et auquel beaucoup d'établissements prêtaient allégrement sans grande analyse de risque. Ensuite, l'ascension du chômage, plus brutale en Espagne qu'ailleurs, qui a fait bondir le nombre de clients insolvables, qu'il s'agisse d'entreprises ou de particuliers. Le cas de la CCM, à cet égard, est édifiant : entre fin 2007 et fin 2008, son taux de crédits douteux et impayés est passé de 0,5 à 4,5 %, et le niveau de leur provisionnement de 300 % à 45 %.C'est là l'aspect le plus préoccupant de ce précédent : les facteurs qui ont précipité la chute de la CCM sont également présents au sein de plusieurs autres établissements, même si c'est généralement à moindre dose. Le ministre de l'Économie, Pedro Solbes, pouvait encore faire valoir hier qu'avec la réponse apportée à la crise de la CCM, l'Espagne pouvait continuer à se prévaloir d'être l'un des rares pays à ne pas être intervenu directement dans le capital de ses banques. Certes? mais demain ? Th. M., à Madrid
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