Le retour en grâce du pétrole remis en cause

Il aura suffi de peu pour saper l'optimisme qui avait porté, la semaine dernière, le baril de pétrole tout près des 55 dollars. Hier, l'or noir a subi un vif recul (? 7,5 % à 48,52 dollars pour le WTI), qui souligne la fragilité du rally observé sur les six dernières semaines. Depuis son plus-bas en février, le baril de Wext Texas Intermediate avait en effet rebondi de 60 %. Or, ce rattrapage risque d'émousser la motivation des pays producteurs à ralentir la production. Autant il peut sembler tentant de fermer les vannes lorsque le baril se traite à 30 dollars, autant certains pays risquent d'être plus attirés par la vente de pétrole au-delà des 50 dollars, comme l'Iran et le Venezuela qui ne respectent déjà pas leurs quotas de production, mais aussi l'Angola.Selon les dernières estimations faites par des spécialistes du fret pétrolier, le comportement des principaux pays producteurs s'avère moins vertueux que leurs discours. Alors que l'Opep avait promis, mi-mars, de mettre l'accent sur le respect des quotas, les limites d'extraction que l'organisation s'impose continuent d'être bafouées. Ainsi, sur le mois de février, l'organisation aurait puisé 25,9 millions de barils par jour de ses réserves selon Petrologistics, soit 1 million de barils de plus que son quota officiel, et 500.000 barils de plus que les chiffres donnés par l'Opep.« Aussi longtemps que la demande ne se redressera pas, le baril évoluera entre le niveau de prix à partir duquel l'offre diminue, soit 35 dollars, et celui qui décourage les pays de l'Opep à respecter leurs quotas, soit 55 dollars », résume Olivier Jakob de la société Petromatrix.discours plus timoréL'organisation a d'ailleurs adopté un discours plus timoré sur les perspectives du baril de pétrole. Ainsi le ministre qatari du Pétrole, Abdallah al-Attiyah, a-t-il déclaré hier qu'il jugeait le baril à « 50 dollars raisonnable pour 2009 compte tenu de la crise de l'économie mondiale ». Un point de vue qui semble réaliste puisqu'il correspond exactement au consensus actuel, qui voit le prix moyen du baril à 50 dollars cette année contre 43 dollars pour les trois premiers mois, puis à 65 dollars pour 2010. Un paysage relativement optimiste si l'on en croit la Deutsche Bank.Autre élément qui risque de maintenir les cours du pétrole sous pression, les marges de raffineries risquent de rester très modestes cette année. Alors que les raffineurs se font typiquement entre 6 et 12 dollars de bénéfice par baril d'essence ou de diesel produit, ce niveau a sombré ces derniers temps vers les 2 voire 1 dollar par baril. Or, de nouvelles capacités de raffinage estimées à 1,2 million de barils/jour entreront en service d'ici quelques mois en Inde et en Chine. Les contraintes de production, qui avaient fait grimper les marges de craquage jusqu'à 18 dollars par baril en 2008, ne sont donc plus qu'un mauvais souvenir ; mais l'afflux de ces capacités devrait peser sur les cours du baril en général. Un phénomène que l'on peut déjà observer sur les qualités de pétrole Murban, et Zakum. Tous deux produits dans les Émirats, le Murban et le Zakum, riches en distillats, ont vu leurs cours baisser plus vite que les autres qualités, en raison de la faible motivation des raffineurs.
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