La chimie européenne réduit la voilure

La crise frappe à la porte des entreprises de la chimie. Pour autant, le secteur, qui anticipe un ralentissement de sa croissance, est loin de sombrer dans une profonde déprime. Ainsi, le numéro un mondial, l'allemand BASF, a annoncé hier la suppression de 1.000 emplois dans le monde d'ici à 2012. Le néerlandais Akzo Nobel, plus petit ? il pointe au vingtième rang ?, avait déjà annoncé en septembre 3.500 suppressions de postes d'ici à 2011, soit 6 % de ses effectifs. Touché plus tôt que ses concurrents par la crise immobilière et ses effets sur sa branche peintures décoratives (37 % du chiffre d'affaires), le groupe n'a pas exclu de nouvelles coupes. Pour BASF, la proportion d'emplois concernés demeure symbolique : elle représente 1 % des effectifs. Mais elle est révélatrice de la dégradation de la conjoncture dans le secteur. Jusque-là, les chimistes avaient majoritairement recours aux hausses de prix pour répercuter leurs augmentations de coûts et ainsi préserver leurs marges. Les voilà rattrapés par la baisse de la demande, mais aussi, paradoxalement, par la chute des prix du pétrole. BASF en est victime en tant que pétrochimiste ? le groupe tire 20 % de ses revenus de l'or noir et du gaz. Mais il en subit aussi les conséquences indirectes : le groupe s'était couvert financièrement contre une hausse du prix du pétrole et non une baisse, comme ce fut le cas au troisième trimestre. Ces difficultés sont logiques pour une industrie que ses débouchés principaux (consommation courante, textile, construction, automobile) rendent particulièrement sensible à la santé globale de l'économie.La France ne sera certainement pas épargnée. « La dégradation de l'économie va vraisemblablement nous contraindre à revoir à la baisse nos prévisions de croissance pour cette année, même si elles resteront positives », a confié cette semaine à « La Tribune » Jean Pelin, directeur général de l'Union des industries chimiques (UIC). Les perspectives données en début d'année par le syndicat patronal prévoyaient une croissance de 2,7 %, soit un ralentissement déjà marqué par rapport à 2007 (4,9 %).« Toutes les activités chimiques en lien avec l'industrie automobile connaissent des difficultés accrues depuis quatre à six semaines », confirme un responsable syndical de la branche.Les dirigeants de BASF ont revu à la baisse leurs objectifs de rentabilité pour cette année, en parallèle à une chute de 8 % du bénéfice opérationnel (avant éléments exceptionnels) au troisième trimestre. AkzoNobel n'a pas modifié ses objectifs malgré un bénéfice net en recul de 23 % au troisième trimestre. Quant à Solvay, il a enregistré une chute de 81 % de son résultat net. Dans un secteur hétérogène, le tableau n'est pas uniformément noir. L'autre chimiste allemand, Bayer, s'est distingué en confirmant ses objectifs. Mais le groupe bénéficie de positions fortes en agrochimie et en pharmacie (65 % des ventes), deux secteurs préservés. Dans ce contexte, les prévisions des français Rhodia et Arkema, qui publient leurs résultats trimestriels respectivement le 6 et le 13 novembre, seront particulièrement surveillés. AUDREY TONNELIER
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