Alcatel-Lucent rassure les marchés

Un bond de 20 % en Bourse en une séance?! Ce n'était pas arrivé depuis cinq ans à l'action Alcatel-Lucent. L'équipementier télécoms a pourtant encore annoncé hier une perte nette de 40 millions d'euros au troisième trimestre. Mais elle est moindre que ne le redoutaient les analystes financiers. Ces derniers attendent beaucoup du nouveau directeur général, Ben Verwaayen, nommé le 2 septembre en remplacement de l'Américaine Pat Russo. Mais il faudra encore patienter jusqu'à la mi-novembre pour découvrir « un nouveau modèle économique plus simple, centré sur les clients », a promis l'ex-patron de BT, ainsi que la nomination d'une nouvelle équipe de direction. Dès hier soir, toutefois, Alcatel-Lucent a annoncé la démission de trois membres du conseil d'administration, les Américains Linnet F. Deily, Robert E. Denham et Karl J. Krapek. Il faudra aussi attendre jusqu'à début décembre pour la présentation d'un plan stratégique complet à plus long terme. Ben Verwaayen, qui s'était donné deux mois pour y voir clair, se laisse donc un peu plus de temps pour tirer des conclusions de son état des lieux. Dans un premier temps, estimant que le marché mondial des équipements de télécommunications devrait être stable à taux de change constant, « en dépit des incertitudes », il a confirmé les objectifs annuels fixés par le tandem Serge Tchuruk-Pat Russo?: le chiffre d'affaires, qui accuse une baisse de 4,2 % sur neuf mois, devrait se replier de 2 % à 5 %, la marge brute se situer autour de 34 % à 36 % et la marge d'exploitation entre 2 % et 5 %. Alcatel-Lucent, qui a fortement réduit son besoin en fonds de roulement, va générer « beaucoup de trésorerie cette année », a-t-il aussi promis. Au-delà, il faudra attendre les prochaines annonces pour en savoir plus.efforts accrus de r&dD'ores et déjà, le directeur général a pointé du doigt le « problème structurel à générer des marges plus élevées » et s'est engagé à se concentrer sur « la rentabilité, qui n'est pas satisfaisante ». Quand la branche des services dégage une marge de 10 % et celle des entreprises 7,5 %, la branche opérateurs, qui génère les deux tiers de l'activité du groupe, accuse une perte opérationnelle de 91 millions d'euros ce trimestre. Un plan d'actions sera mis en place, visant à rationaliser le portefeuille de produits, éliminer les doublons et rendre plus efficace la recherche et développement. Dans ce domaine, Ben Verwaayen estime que la technologie de quatrième génération de téléphonie mobile appelée Long Term Évolution (LTE) est « vitale pour notre avenir » et que des efforts accrus de R&D seront donc nécessaires. Aussi, la coentreprise annoncée en février dernier avec le japonais NEC dans le LTE semble-t-elle condamnée. Des négociations sont en cours avec NEC pour redéfinir le périmètre et le mode de collaboration des deux groupes, qui seront sans doute limités à des développements communs ponctuels par exemple dans les composants. « Les demandes des opérateurs dans le monde ont beaucoup changé, ce qui faisait sens il y a dix-huit mois ne fait plus forcément sens aujourd'hui », a expliqué le directeur général.Ces évolutions récentes du marché vont aussi guider une nouvelle approche des besoins des principaux clients d'Alcatel-Lucent, les opérateurs télécoms?: dans un monde nouveau du haut débit partout et de l'interactivité, qui lui semble dominée par Google et Apple, Ben Verwaayen estime qu'il faudra « aider les opérateurs à capter la valeur de la vague du Web 2.0 et rester en relation directe avec les consommateurs, pour qu'ils ne deviennent pas de simples fournisseurs de tuyaux. » Exactement le discours tenu par les dirigeants de Vodafone et France Télécom. Le patron d'Alcatel-Lucent veut développer « une intimité accrue » avec les clients.Enfin, le groupe a confirmé étudier une cession de sa participation de 20,8 % dans le groupe d'aéronautique Thales, qui vaut aux cours actuels 1,3 milliard d'euros. Mais « nous n'avons pas de pistolet sur la tempe pour vendre. Notre situation financière est saine et notre position de trésorerie solide. Si quelqu'un vient nous voir avec le bon prix, pourquoi pas », a observé Ben Verwaayen, sans commenter davantage sur les repreneurs potentiels. D. C. il faudra «  aider les opérateurs à capter la valeur du web 2.0 et rester en relation directe avec les consommateurs ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.