Kirch-Murdoch : les boursiers attendent un sursaut de Canal+

Le marché boursier a fortement sanctionné, hier, le titre de Canal+ et celui de sa maison mère, Havas, en réaction à l'annonce de l'alliance entre Leo Kirch et Rupert Murdoch en Allemagne. A la clôture à Paris, le cours de la chaîne cryptée cédait 2,5 %, à 1.173 francs, avec 204.000 titres échangés. Dans le même temps, Havas perdait 1,8 %, à 377,1 francs, avec un volume de 207.000 actions échangées. Cette sanction ne reflète pas pour autant une position sur le long terme. Les analystes spéculent en effet sur un sursaut de la part de Canal+ qui, pour l'instant, voit ses positions dans la télévision numérique allemande fragilisées. Quelle stratégie de partenariat pour Canal+ ? Rupert Murdoch, avec BSkyB, et Leo Kirch détiennent beaucoup d'atouts entre leurs mains pour attaquer le premier marché audiovisuel européen. Le premier dispose d'une surface financière importante (il financera le bouquet DF1 à hauteur de 49 %), d'un savoir-faire dans le domaine de la télévision à péage, ainsi qu'un important catalogue de droits cinématographiques. De son côté, Leo Kirch possède le premier catalogue et droits audiovisuels allemand, un décodeur et des droits sportifs. Il vient d'ailleurs d'acquérir les droits des coupes du monde de football de 2002 et 2006, pour 12 milliards de francs, avec l'appui de la société suisse ISL. Et aujourd'hui, tous les analystes s'interrogent sur la marge de manoeuvre et la stratégie de partenariat que Canal+ va pouvoir adopter face à cette nouvelle donne. Stéphanie Lefèvre, de Leven SA, reconnaît que Canal+ se trouve aujourd'hui dans une situation délicate. Toutefois, elle se montre optimiste sur l'avenir de la chaîne cryptée en Allemagne et recommande de profiter de la baisse du titre. Selon elle, les Français devraient briser leur alliance avec Bertelsmann pour rejoindre Leo Kirch, qui est ouvert à tout partenaire ayant un intérêt stratégique. Christian Villeroy, de la société Via Bourse, se montre moins catégorique sur l'issue des négociations que les responsables de Canal+ mènent actuellement. « Nous nous positionnons sur le long terme. Canal+ est la chaîne de l'an 2000. Pour cela, il faut absolument qu'elle prenne pied en Allemagne dans la télévision numérique, l'essentiel étant pour elle de s'associer à un détenteur de catalogues de films allemand ». D'autres analystes, encore, se montrent prudents face aux effets d'annonce. Il est vrai que Rupert Murdoch a déjà changé son fusil d'épaule à deux reprises avant de rejoindre Leo Kirch. Il a opté une première fois pour la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion, avant de rejoindre l'axe Canal+-Bertelsmann-Havas. Vingt-quatre heures après l'annonce de ce renversement d'alliance, la chaîne cryptée se refusait toujours au moindre commentaire. Paradoxalement, la perte d'un allié au sein de Newco - la plate-forme numérique qui associait BSkyB à Bertelsmann, Canal+ et Havas - pourrait renforcer sa force de négociation face au groupe allemand. Ce dernier a fortement besoin du savoir-faire de l'un des grands intervenants de la télévision à péage pour se lancer dans la télévision numérique. Une expertise que la CLT n'est pas en mesure de lui apporter. Thierry Del Jésus
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