Motorola : la croissance des mobiles marque le pas

L'âge d'or de la téléphonie mobile est-il révolu ? Après le finlandais Nokia, c'est au tour de l'américain Motorola d'annoncer des résultats annuels dont la progression plus faible que prévue surprend les marchés : un bénéfice en hausse de 34 % à 1,78 milliard de dollars (près de 9 milliards de francs) en 1995 contre + 53 % en 1994, et une progression de 22 % du chiffre d'affaires à 27 milliards de dollars (environ 135 milliards de francs) contre + 31 % en 1994. Pour le deuxième trimestre consécutif, le numéro un mondial du secteur a déçu les analystes financiers qui, mardi, faisaient plonger de 15 % le titre à la Bourse de New York. Dans son sillage, le titre Motorola a entraîné bon nombre de valeurs technologiques. En particulier, les fabricants européens de téléphonie cellulaire (Nokia, Ericsson) pâtissent des prévisions en demi-teinte concernant leur secteur d'activité. La concurrence s'est intensifiée outre-Atlantique Certes, les ventes continuent de progresser, mais après une fin d'année 1994 marquée par un boom des ventes, les industriels n'ont pas trouvé les moyens de poursuivre sur leur lancée. Surtout, sur un marché devenu de grande consommation la pression exercée sur les prix rogne considérablement les marges des fabricants. Sur le quatrième trimestre, Motorola a ainsi vu sa marge bénéficiaire nette passer de 8 % en 1994 à 5,6 %. « Le marché est toujours orienté à la hausse, explique Ian Gillot, spécialiste du cellulaire chez IDC-Link, mais l'heure n'est plus aux taux de croissance de 50 % ». Les ventes de terminaux qui avaient approché la barre des 10 millions d'unités sur le marché américain en 1994, devraient être de 11,4 millions en 1995 et de seulement 11,2 millions en 1996. « Le marché professionnel ne devrait plus progresser que de 7,5 % par an sur les cinq prochaines années, commente Ian Gillot, la croissance sera par contre de 16 % sur le marché grand public, mais là les règles du jeu sont différentes. » Le nouveau consommateur qui constate mois après mois que ses factures de téléphone mobile représentent un coût non négligeable veut payer moins cher son téléphone et se montre de plus en plus exigeant à l'égard des fabricants. Avec près de 50 % de parts de marché aux Etats-Unis, Motorola reste l'acteur principal mais la concurrence s'est intensifiée. Les industriels scandinaves dépensent aujourd'hui des millions de dollars pour séduire les consommateurs. « Motorola affronte une concurrence plus sérieuse et plus organisée sur un marché moins dynamique », conclu Ian Gillot. L'annonce d'une baisse de 16 % du bénéfice net de Motorola au quatrième trimestre à 432 millions de dollars a confirmé les inquiétudes des analystes. D'autant plus que Gary Tooker, vice-président du groupe, a averti les analystes que cette tendance pourrait se confirmer au cours du premier semestre. Motorola qui tire environ 40 % de ses revenus des ventes de téléphone et d'équipements cellulaires reste cependant optimiste car la croissance devrait se poursuivre sur les marchés asiatiques. L'activité semi-conducteurs (25 % du chiffre d'affaires) qui reste dépendante des ventes de téléphone progresse de 23 % à 8,5 milliards de dollars. D. B.
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