Snecma-Elecma : le déménagement... ou la cession

L'inquiétude règne à Suresnes parmi les élus locaux et les 500 salariés d'Elecma, division électronique du motoriste aéronautique national Snecma. Selon les syndicats, « ce centre doit fermer en juin 1996 et être transféré à 70 kilomètres, chez Snecma à Melun-Villaroche, réduire son activité aux seuls besoins de Snecma et subir des réductions d'emplois directs [66 avoués, 170 sur 484 postes selon l'intersyndicale] et indirects [gardiennage, entretien, comité d'entreprise] ». Dans la régulation électronique pour moteurs d'avions, Elecma travaille à hauteur de 135 millions de francs par an pour Snecma et de 75 millions pour ses autres clients, comme General Electric, Rolls-Royce ou Turboméca. Elecma a aussi élaboré des coopérations avec Lockheed-Martin, Lucas ou l'allemand BGT. Dans les harnais électriques pour moteurs d'avions, les inverseurs de poussée et les trains d'atterrissage, Elecma vend pour 60 millions de francs par an à Snecma et pour 10 millions à d'autres comme Messier-Dowty et Hispano-Suiza (deux filiales du groupe), mais aussi à l'allemand LAT et à l'espagnol Inisel. En radio-électricité, Elecma fournit également, pour une dizaine de millions de francs, des clients extérieurs comme Matra, Thomson, Aerospatiale et le Cnes (Centre national d'études spatiales). Au total, outre Snecma, pour 200 millions de francs par an, Elecma fournit des clients extérieurs pour 100 millions, manne menacée de disparition, selon les partenaires sociaux. Une activité essentielle pour Snecma Les syndicats s'inquiètent aussi de la récente vente de l'activité contrôle moteur de l'américain Fort Wayne, petite filiale (500 salariés) du grand partenaire de Snecma et d'Elecma, General Electric - qui a gardé, en revanche, les moteurs électriques de Fort Wayne - au géant Lockheed-Martin. Ce dernier aurait récemment écrit à la direction d'Elecma-Snecma pour s'assurer de la poursuite de la coopération avec Fort Wayne malgré son changement de propriétaire. Les syndicats d'Elecma craignent du coup des transferts de leurs technologies de pointe vers Lockheed-Martin. Dernière inquiétude : la vente d'Elecma. La direction du groupe Snecma a récemment lancé cette menace au cas où les syndicats s'opposeraient ou retarderaient le transfert de la division à Villaroche. Certes, le PDG, Bernard Dufour, a affirmé que cette activité régulation électronique moteurs était essentielle pour Snecma. Mais il aurait précisé aux syndicats que seule une cinquantaine des 500 salariés seraient, en fait, indispensables, ajoutant qu'il avait déjà plusieurs dossiers de repreneurs éventuels. Bluff ? Les syndicats semblent le croire, mais reconnaissent qu'Elecma pourrait intéresser, au moins en partie, Sextant Avionique (filiale à 66 % de Thomson-CSF et à 34 % d'Aerospatiale). Hors de l'Hexagone, des firmes comme Lockheed-Martin, les britanniques Rolls-Royce, Lucas, Smith ou les allemands Dasa Dornier et MTU, tous présents de près ou de loin dans l'électronique pour moteurs d'avions, pourraient s'y intéresser. OLIVIER PROVOST
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