Après Rupert Murdoch, Canal+ abdique aussi

Après Rupert Murdoch, patron de BSkyB, c'est au tour de Canal+ d'abdiquer et de se retirer du territoire allemand. Le premier a dû renoncer l'an passé à son alliance avec Leo Kirch dans DF1, l'unique plate-forme numérique commercialisée à ce jour. Hier, c'était au tour du conseil d'administration du groupe français d'officialiser la cession de sa participation (37,5 %) dans la chaîne à péage Premiere pour se tourner vers des terres plus clémentes, comme l'Italie. Le marché allemand est-il condamné à rester entre les mains d'opérateurs nationaux ? Les faits montrent qu'il est difficile de sortir de l'équation Deutsche Telekom-Bertelsmann-Leo Kirch (voir ci-dessus) ou de s'immiscer dans leurs affaires intérieures allemandes. Pourtant, aucun de ces trois groupes ne détient l'expertise nécessaire à la gestion et la commercialisation de la télévision à péage. Deutsche Telekom maîtrise l'un des réseaux de distribution, le câble ; Leo Kirch contrôle les droits audiovisuels indispensables pour alimenter les chaînes thématiques. Quant à Bertelsmann, il contribue à pacifier les relations avec Leo Kirch autour de Premiere, qui compte un peu plus de 1,4 million d'abonnés. Un marché « lent ». Pour l'heure, BSkyB et Canal+, les deux premiers opérateurs européens de télévision à péage sont donc laissés au bord du chemin, malgré les réussites à leur actif : la Grande-Bretagne pour le premier, la France et l'Espagne pour le second. Chez Canal+, où l'on se dit déjà satisfait de l'opération financière en cours de réalisation avec Leo Kirch, on ne peut cacher une certaine amertume. L'Allemagne, qui ne compte pas moins de 35 millions de foyers équipés d'un téléviseur, représentait il y encore quelques mois un marché incontournable susceptible d'assurer la croissance du groupe. A condition, toutefois, de ne pas être seul à investir dans le développement de la télévision numérique. Expansion de Telepiù. Vendredi, lors de l'assemblée générale mixte, Pierre Lescure décrivait déjà le scénario présenté hier par les trois partenaires allemands : « Bertelsmann et Leo Kirch vont pouvoir travailler ensemble pour préparer l'avenir et Deutsche Telekom arrivera. Le marché sera sans doute important, mais lent » à se développer. Les responsables de Canal+ estiment que deux à trois ans seront encore nécessaires pour que la télévision numérique se développe outre-Rhin. Ils préfèrent consacrer ce laps de temps et le cash issu de la cession des actions de Premiere à l'expansion de Telepiù. Le groupe de chaînes à péage compte aujourd'hui près de 900.000 abonnés aux programmes analogiques et 90.000 aux offres numériques. Grâce à l'achat des 45 % que Leo Kirch détient encore pour quelques heures dans Telepiù, le groupe français va se retrouver avec 90 % du capital. Canal+ devrait, in fine, rester à un niveau légèrement supérieur à 50 %, le solde devant permettre de consolider ses liens avec son partenaire actuel, Mediaset, et à tisser des liens avec la télévision publique italienne RAI et l'opérateur de télécommunications Stet. Thierry Del Jésus
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