Hors taxes + Avec DFI, le groupe britannique BAA se pose en géant du duty free

Les enchères montent dans le « duty free ». Un an après la reprise des magasins hors taxes Allders par Swissair, et neuf mois après le rachat de Duty Free Shoppers (DFS) par LVMH, c'est au tour de BAA de frapper un grand coup. Le groupe britannique, opérateur des principaux aéroports du pays, a annoncé hier avoir lancé une offre amicale sur la totalité du capital de la société américaine Duty Free International (DFI) pour un montant global de 674 millions de dollars (3,9 milliards de francs), au prix unitaire de 24 dollars. Grâce à cette opération, BAA, qui s'est d'ores et déjà assuré de l'apport de 43 % des titres, va accéder au second rang mondial du duty free puisque le chiffre d'affaires que le groupe réalise grâce au commerce de détails, additionné à celui de DFI, s'élève à 1,6 milliard de dollars. Position dominante. La société américaine, cotée à Wall Street, faisait figure de « proie populaire », comme le souligne Martin Moodie, de la revue spécialisée Duty Free News International. Fort de 175 points de vente, et desservant quatorze aéroports internationaux aux Etats-Unis, DFI a une présence très marquée sur la côte Est, ainsi qu'aux frontières avec le Mexique et le Canada. Numéro cinq du secteur avec un chiffre d'affaires de 570 millions de dollars et un résultat avant impôts de 34 millions, la firme présente donc l'immense avantage de ne pas être concernée par l'abolition des ventes hors taxes intra-européennes, prévue au 30 juin 1999. Autre atout : une position dominante dans le domaine des ventes hors taxes à bord des avions, une activité qui représente environ le tiers de son volume d'affaires. Candidat malheureux à la reprise des boutiques Allders, BAA ne se contente donc pas d'un lot de consolation. Avec DFI, le groupe dirigé par sir John Egan, qui réalise déjà 44 % de son chiffres d'affaires (13,5 milliards de francs) grâce au commerce de détail (via les rétrocessions des ventes), entre de plain-pied dans la distribution. Une évolution à laquelle il s'était préparé, comme le montre la création récente de sa division World Duty Free, ou encore le contrat signé avec le centre commercial de l'aéroport de Pittsburg. Pour autant, BAA s'est engagé à ne pas modifier le management de DFI. Même s'il entend doper les ventes annuelles de la compagnie de 15 à 20 %. Et à plus long terme, étendre son implantation en Asie, « fief » de son compatriote DFS... L'opération montre en tout cas que le commerce hors taxes continue d'attiser les convoitises. « C'est un véritable jeu de dominos : il y a encore de nombreuses sociétés à vendre, et beaucoup d'acheteurs potentiels », note Martin Moodie, qui s'attend à de nouvelles transactions dans les douze à dix-huit mois à venir. En bref, la concentration du secteur est loin d'être achevée. Car non seulement les opérateurs semblent déterminés à grandir hors d'Europe, en prévision de l'arrêt du duty free intracommunautaire, mais ils tablent sur une envolée des dépenses des voyageurs. Nathalie Hamou
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