Les Galeries Lafayette ferment leur magasin de Singapour

Les Galeries Lafayette traversent une mauvaise passe : après une rentrée difficile sous le signe des attentats et d'une consommation morose puis la période noire des grèves de décembre, le groupe du boulevard Haussmann doit fermer son magasin de Singapour. D'une surface de 20.000 m2, il avait été ouvert dès 1982 avec un bon temps d'avance sur les autres groupes français de distribution. Selon le groupe du boulevard Haussmann, les autorités locales n'ont pas renouvelé le bail. Le quotidien de la péninsule Straits Times affirme pour sa part que les Galeries marchaient mal avec, en 1993, une exploitation encore déficitaire de 2,48 millions de dollars singapouriens (8,6 millions de francs). La somme est modeste mais le parcours du grand magasin a visiblement été difficile. En 1986, il avait été fermé par la maison mère, puis rouvert quelques mois plus tard, en association avec une entreprise locale, Bonvest Holdings. En 1992 le groupe français avait racheté les parts de son associé et continué seul l'exploitation du magasin. Le coût de cette tentative n'a heureusement rien à voir avec le gouffre du magasin new-yorkais. Ce dernier a été fermé à l'automne 1994, inscrivant 89,5 millions de francs de perte courante et 232,4 millions de francs de pertes exceptionnelles dans les comptes de l'année, ce qui a beaucoup pesé dans les comptes du groupe qui se sont soldés (grâce à 153 millions de profit exceptionnel), par seulement 14 millions de francs de résultat net, part du groupe, pour 29,7 milliards de francs de chiffre d'affaires. Franchise : moins de gains, mais moins de risques La fermeture de Singapour semble fâcheusement confirmer que la politique d'expansion internationale choisie par le groupe dirigé par Georges Meyer, consistant à investir directement, était trop risquée. L'adaptation au terrain, surtout en matière de mode, est difficile et longue : aux Etats-Unis, les collections choisies n'ont pas correspondu au goût des Américaines et il a fallu solder des vêtements coûteux et passer des stocks considérables par pertes et profits. Le groupe Printemps, instruit par l'expérience - celle d'un cuisant échec avec son magasin de Denver dans le Colorado au début des années 80 -, se borne aujourd'hui à passer des accords de franchise, notamment dans le Sud-Est asiatique. Il minimise ainsi les risques en laissant la charge de l'investissement et la responsabilité de l'exploitation à des groupes locaux. Quitte, d'ailleurs, à récolter des profits plus modestes quand le magasin trouve son régime de croisière. De manière générale, et même pour les grandes surfaces alimentaires comme Carrefour, le retour sur investissements d'un magasin implanté à l'étranger demande généralement plusieurs années. La disparition de l'enseigne à Singapour ne risque guère de peser sur les comptes de 1995, bien mal engagés pour d'autres raisons. Mais les critiques dont fait déjà l'objet l'équipe dirigeante de la part des analystes comme des salariés, sinon des banquiers qui restent discrets, n'en seront pas atténuées. M. C.-C.
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