Un conseil scientifique met Superphénix sous surveillance

Avec Superphénix, la France rêvait d'un surgénérateur nucléaire capable de produire de l'électricité à l'échelle européenne. Onze années après sa mise en route, jalonnées de nombreux arrêts techniques, la centrale de Creys-Malville (Isère) se voit cantonnée au rôle de superlaboratoire de recherche. Mais, après avoir échoué dans sa première mission, Superphénix a-t-elle la réelle possibilité de servir à la recherche ? Oui, répond le rapport de la commission scientifique chargée de plancher sur le sujet qui a été rendu public hier. Cette commission, présidé par le professeur Raymond Castaing, membre de l'Académie des sciences, estime « comme légitime le désir de tirer tous les enseignements possibles des investissements considérables, intellectuels et financiers qui ont déjà été consentis pour la réalisation de Superphénix ». Pour mémoire, la centrale a coûté au bas mot quelque 50 milliards de francs. Voilà deux ans, Edouard Balladur, alors Premier ministre, avait finalement décidé de ne plus l'exploiter comme une centrale nucléaire, mais comme un outil de recherche et de démonstration sur la filière à neutrons rapides. Cette décision s'était accompagnée d'un programme d'acquisition des connaissances (PAC), détaillé en trois volets : démontrer la capacité d'un réacteur à neutrons rapides à produire de l'électricité à un niveau industriel ; évaluer le fonctionnement de ce type de réacteurs en consommateur net de plutonium ; étudier ses possibilités de destruction des déchets radioactifs à vie longue. C'est ce programme que la commission Castaing, mise en place par le gouvernement en octobre, s'est vu chargée de valider, tout en apportant un certain nombre de propositions. Par dessus tout, elle recommande la mise en place d'un conseil scientifique chargé d'examiner l'activité menée à Superphénix, qui devrait comprendre « une moitié au moins de membres extérieurs aux partenaires du PAC (Nersa, EDF et le CEA) ». « L'infléchissement qui fait désormais de Superphénix un outil de recherche impose, là comme dans tout autre institut ou centre de recherche, qu'un regard extérieur soit porté sur la pertinence et la qualité scientifique des travaux menés », souligne le rapport. La commission demande, en outre, que, chaque année, un rapport de déroulement du PAC, accompagné de l'avis de ce conseil scientifique, soit présenté à la Commission nationale d'évaluation instituée par la loi de 1991. De son côté, et après avoir pris connaissance de cette demande, le gouvernement indique qu'il mettra en place ce conseil scientifique d'ici à la fin du mois de septembre. J.-P. G.
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