Le géant Lockheed-Martin s'empare de Loral

Le géant américain de l'aéronautique et de l'armement, Lockheed Martin, va racheter son confrère new-yorkais Loral pour plus de 10 milliards de dollars (50 milliards de francs). L'opération, qui doit être bouclée en février, se déroulera en trois temps. Tout d'abord, Lockheed-Martin absorbera la partie « électronique et systèmes d'intégration » de Loral pour 7 milliards de dollars, et promet d'assumer les 2,1 milliards de dettes. Les 7 milliards de dollars, soit 38 dollars par action, seront proposés aux actionnaires de Loral à partir du 12 janvier. Deuxième temps : ces mêmes investisseurs se verront offrir une nouvelle action d'une nouvelle compagnie, Loral Space and Communications. Celle-ci, dirigée par l'actuel PDG de Loral, Bernard Schwartz, se concentrera exclusivement sur le marché de l'espace et sur celui des télécommunications avec, par exemple, 31 % des parts de Globalstar - qui développe aujourd'hui un système de communications mondiales par satellite capable d'atteindre 10 millions de souscripteurs. Sous l'oeil attentif des quatre européens, Aerospatiale, Dasa, Alcatel Espace et Alenia, qui détiennent à eux quatre 49,9 % des activités spatiales de Loral, Space Systems Loral (l'ex-Ford Aeropace racheté il y a quelques années par Loral). Dans un troisième temps, Lockheed-Martin va investir 344 millions de dollars pour acquérir 20 % de cette nouvelle Loral Space and Communications qui démarrera ainsi avec 700 millions de dollars en liquide. Avec cette acquisition, le nouveau mastodonte américain de la défense, Lockheed-Martin, devenu le premier client du Pentagone, devant McDonnell Douglas, va voir son chiffre d'affaires annuel passer de 23 à 30 milliards de dollars (150 milliards de francs), avec un carnet de commandes de 47 milliards. Le mariage permettra de développer les grandes lignes de produits : électronique de combat, missiles tactiques, systèmes de simulation et d'entraînement... L'ensemble disposera d'un budget annuel de recherche et dévelop- pement d'un milliard de dollars et devrait générer de 1,5 à 2 milliards de dollars en cash. Lockheed-Martin était déjà le fruit de la mégafusion, elle aussi à 10 milliards de dollars, de Martin Marietta et Lockheed. Avec l'apport de Loral (6,7 milliards de dollars soit 33 milliards de francs de chiffre d'affaires, 38.000 salariés), la nouvelle entité va pouvoir continuer à réduire ses coûts pour répondre aux exigences du Pentagone. Car le département américain de la défense allège constamment ses commandes et réclame en sus des baisses de prix. Depuis leur pic, en 1986, les commandes d'armement du gouvernement américain n'ont cessé de se réduire. Seule consolation : le dégonflement de la manne s'accompagne d'un assouplissement des lois antitrust, ce qui permet le mariage Loral-Lockheed-Martin... et les actuelles discussions autour d'une éventuelle fusion entre Boeing et McDonnell Douglas. CAROLINE TALBOT, À NEW YORK
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