Chrysler : « Kirk Kerkorian a perdu sa crédibilité »

« La Tribune ». - Comment répondez-vous à l'offensive de votre principal actionnaire, Kirk Kerkorian ? Bob Eaton. - Nous avons besoin de 7,5 milliards de dollars de cash pour affronter la prochaine récession. Avec 4,5 milliards seulement, Chrysler survivrait probablement, mais dans de très mauvaises conditions. On ne veut pas recommencer à frôler la catastrophe comme il y a cinq ans. C'est la meilleure politique dans l'intérêt de l'actionnaire. Mais je suis moins inquiet qu'il y a six mois sur l'offensive de Kirk Kerkorian. Son groupe Tracinda a perdu de sa crédibilité. Comment analysez-vous la situation actuelle de Chrysler ? Nos profits en 1995 ont été plus bas qu'en 1994, car nous avions tablé sur une bien meilleure tenue du marché américain. Aussi avons-nous dû réajuster la production en cours d'année et pratiquer des rabais pour écouler les stocks. En plus, l'an passé, nous avons remplacé notre monospace Voyager, ce qui nous a fait perdre des ventes. Nos résultats commerciaux ont été inférieurs de 1 % par rapport à 1994. Mais, en décembre, nos ventes étaient en hausse de 10 %, un record historique pour le dernier mois de l'année. En 1996, notre profitabilité sera meilleure qu'en 1995. On gagnera en pénétration aux Etats-Unis, sur un marché stable à 14,7 millions d'unités (hors camions), et ailleurs. Quels sont vos projets hors d'Amérique du Nord ? L'an passé, nous avons vendu 215.000 unités hors des Etats-Unis, du Canada et du Mexique, soit une hausse de 26 %. Cela représente 10 % de notre production. Nous avons écoulé 100.000 véhicules en Europe. La production de Jeeps à petites cadences a démarré en Thaïlande en 1995. Elle débutera en Indonésie cette année. Mais notre stratégie est d'exporter le plus possible à partir d'Amérique du Nord. Aux Etats-Unis, nous avons les coûts de production les plus faibles. Et en Chine, au Japon ? Notre projet de fabriquer des monospaces en Chine n'a pas réussi. Mercedes-Benz a remporté le contrat. Nous voulions conserver la maîtrise technologique du produit. Et c'est en partie à cause de cela que nous avons dû échouer. Au Japon, nous aurons une gamme de 5 modèles à vo-lant à droite d'ici à la fin de l'année. A cette date, nous aurons 200 concessionnaires, et 500 pour l'an 2000. Nous visons 100.000 ventes au début du siècle prochain. Où en sont vos gains de compétitivité ? Chrysler n'a jamais été aussi en forme qu'aujourd'hui, avec une qualité bien meilleure que quand Lee Iacocca était à la tête de la société. Selon le consultant Harbour, Chrysler a globalement les coûts les moins élevés avec les plus gros profits par véhicule, parmi les Big Three. On n'est pas les plus productifs dans les usines. Ford est meilleur. Mais dans le développement des produits et en productivité des cols blancs, nous sommes très performants. Dans la conception des véhicules, nous sommes les plus compétitifs du monde. PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN-GABRIEL VERDEVOYE À DETROIT
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