Défense + L'actionnariat et le statut d'Arianespace seront réétudiés

A peine arrivé à la tête d'Arianespace à l'issue d'une véritable bataille politique, Jean-Marie Luton, l'ex-patron de l'Agence spatiale européenne (ESA), a annoncé hier l'ouverture d'un chantier sensible que l'on croyait enterré. « D'ici au mois d'avril 1998, l'actionnariat d'Arianespace va être réétudié. Beaucoup d'actionnaires, Aerospatiale, mais d'autres également, demandent le relèvement de leur part. Il faut aboutir à un tour de table européen, solide et solidaire. » Ces derniers temps, les actionnaires d'Arianespace n'ont pas hésité à se disputer, notamment sur la succession du PDG, Charles Bigot, qui proposait d'être remplacé par son dauphin Francis Avanzi, soutenu par nombre d'industriels, notamment étrangers. Le gouvernement Juppé avait préféré imposer Jean-Marie Luton. Arrivés au pouvoir, les socialistes ont demandé à réexaminer le dossier puis ont confirmé l'arrivée de l'ex-président de l'ESA. Contrôle. Ce poids des pouvoirs publics français s'explique par le contrôle qu'ils exercent avec 51 % de l'actionnariat d'Arianespace. Le Cnes (Centre national d'études spatiales), qui en détient 32,2 %, en est de très loin le premier actionnaire, les autres ayant tous moins de 8 %. De plus, les firmes publiques françaises Aerospatiale et SEP-Snecma détiennent chacune 7,77 % d'Arianespace. « Il faudra un changement de statut si notre société devient privée à plus de 50 % et n'est plus contrôlée majoritairement par les intérêts français », souligne Jean-Marie Luton. D'ici le verdict, en avril prochain, le débat risque donc d'être animé. Yves Michot, PDG d'Aerospatiale, soulignait récemment devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale : « Arianespace a été créée par le Cnes, qui a gardé un rôle dominant dans la politique de lanceurs européens ; la France a fourni la moitié des financements publics relatifs aux lanceurs spatiaux depuis vingt ans. Deux solutions sont concevables, soit Arianespace décide de banaliser son actionnariat, soit elle reste appuyée sur Aerospatiale, maître d'oeuvre principal qui pourrai augmenter sa part dans l'actionnariat. » Le Cnes pourrait alors transmettre ses titres. Mais cela cadrerait mal avec la volonté de maintenir la logique européenne pour soutenir Arianespace. Même une mise en Bourse d'Arianespace pourrait être envisagée. « Intérêts des Etats ». Claude Allègre, le ministre français en charge de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, dont l'espace civil, a souhaité hier, dans un communiqué, « que soient préservés les intérêts politiques et économiques des Etats participant au programme Ariane ». La France veut donc garder son leadership sur Arianespace sans pour autant vouloir mettre sous le boisseau ses partenaires européens, notamment Allemands, qui détiennent au total 18,6 % de la société, et Italiens (8,1 %). Délicat équilibre. O. P.
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