Pour relancer la consommation, Madrid allège les taxes automobiles

Préoccupé par l'atonie de la demande de biens de consommation durables, le gouvernement espagnol a finalement cédé à la revendication insistante des constructeurs automobiles. Il a annoncé en fin de semaine dernière un allégement de la fiscalité qui pèse sur le secteur, une des plus élevées de l'Union européenne. Depuis hier lundi, l'impôt d'immatriculation, qui s'ajoute aux 16 % de TVA, a été réduit de 12 % à 7 % pour les voitures de moins de 1.600 cm3, qui représentaient, en 1994, 66 % des immatriculations de véhicules de fabrication nationale. Cette mesure a été accueillie avec une grande satisfaction par les constructeurs. Le marché intérieur s'est écroulé en effet avec l'expiration, en juin dernier, des deux plans Renove (version espagnole de la « prime Balladur »), qui prévoyaient une prime à la casse pour le remplacement d'une voiture ancienne. En juillet dernier, par exemple, la chute des immatriculations avait été de 25,3 % par rapport au même mois de 1994 pour les véhicules de fabrication nationale. La baisse totale sur la période de juillet à novembre est de 26 % pour les voitures « made in Spain ». Dans ces conditions, environ la moitié des travailleurs du secteur se trouvent à l'heure actuelle soumis à des mesures de chômage partiel. Pour compenser la chute des immatriculations Le gouvernement, toutefois, était réticent face aux demandes pressantes des constructeurs, et non seulement pour des raisons de recettes fiscales. Il faisait valoir, non sans raison, que les exportations, qui représentent en Espagne un pourcentage très élevé de la production (74 % en 1994), permettent en fait de compenser la chute des immatriculations en Espagne même et de maintenir la production totale. Il accusait aussi les constructeurs de recourir systématiquement aux mesures de réduction du temps de travail, qui font en Espagne l'objet d'une compensation financière de l'Institut national de l'emploi, afin de faire ainsi financer par les deniers publics leur politique de flexibilité de la main-d'oeuvre. Les pouvoirs publics faisaient aussi valoirque plusieurs grandes firmes automobiles - parmi lesquelles Ford et PSA - avaient annoncé récemment d'importants investissements dans le pays, démontrant ainsi que les perspectives n'étaient pas aussi apocalyptiques que le décrivaient les constructeurs. Si le gouvernement s'est finalement décidé à céder, c'est parce que le ralentissement de la croissance dans toute l'Europe occidentale risque d'affecter bientôt les exportations d'automobiles espagnoles. Il a franchi également le pas pour des raisons de politique industrielle générale : le PIB commence à donner des signes d'essoufflement et la croissance continue à s'appuyer exclusivement sur l'investissement (+ 9,5 % durant le troisième trimestre de 1995). La consommation privée, elle, stagne toujours (+ 1,7 % durant la même période). La réduction de la fiscalité sur les véhicules vise donc à donner un coup de pouce aux biens de consommation, afin qu'ils commencent à prendre le relais des biens d'équipement comme moteur de la croissance. THIERRY MALINIAK, À MADRID
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