Lutz Bertling, une première année dorée chez Eurocopter

En octobre 2006, la nomination de Lutz Bertling aux commandes d'Eurocopter a fait grincer les dents à Marignane, berceau de l'hélicoptériste. Pour la première fois, après Jean-François Bigay et Fabrice Brégier, parti chez Airbus, Eurocopter, créé à l'origine par le groupe public Aerospatiale, accueillait à sa tête un président allemand. Son arrivée a été perçue en interne comme une décision politique du groupe EADS, la maison mère contrainte de jouer les équilibristes entre Français et Allemands. Dans ce contexte difficile, la nomination de Lutz Bertling avait donc suscité interrogations, voire craintes au sein des organisations syndicales et dans les usines françaises.Réputé proche de Tom Enders, Lutz Bertling semble pourtant peu à peu s'émanciper de son mentor. " Lutz Bertling gagne à être connu, assure-t-on au sein d'EADS. C'est quelqu'un de bien. " Amateur de voile, Lutz Bertling impose sa marque. " Ses résultats l'attestent, confie Brigitte Capelle (FO, majoritaire à Eurocopter), présidente du comité européen. Il s'inscrit dans une optique transnationale, s'efforçant de partager la croissance équitablement entre les sites, sans brader ni le savoir-faire ni les personnels. Mais il lui reste à transformer l'essai. "REORGANISATION DE L'EQUIPEL'ex-président d'Eurocopter Deutschland sait aussi bien souffler le chaud que le froid. Dix mois après son arrivée à la tête d'Eurocopter, Lutz Bertling a lancé en septembre une réorganisation de son équipe dirigeante. Une première décision d'importance. Très attendue en interne, elle a fait grincer quelques dents. Notamment lors du départ du responsable de la recherche et développement, Bernard Rontani qui a payé les retards du programme de l'hélicoptère de transport de troupes NH90. D'autant que, rappellent certaines mauvaises langues, Lutz Bertling a été le directeur des programmes gouvernementaux de la filiale d'EADS (Tigre et NH90 notamment) entre 2003 et 2006. Aujourd'hui, les difficultés de développement du NH90, notamment de la version navale, sont derrière, assurent des sources concordantes industrielles et étatiques.Mais, dans le même temps, il s'est attaché à envoyer des signes rapidement aux salariés de Marignane en présentant en 2007 ses voeux en français, malgré ses difficultés avouées de vocabulaire. " Mon passeport, c'est Eurocopter ", explique-t-il. Personne n'a oublié le geste. " Je suis un invité dans ce pays, je fais donc des efforts. Je privilégie l'anglais, mais si j'ai besoin de parler français pour transmettre des convictions, des émotions, sur nos ambitions, je n'hésite pas. " Pour ce faire, il n'hésite pas à venir dans un atelier de production pour discuter avec les cols bleus. " À force de jongler entre les avions, je risque de ne plus voir ce qui se trouve en-dessous des nuages. C'est important pour moi d'échanger avec ceux qui font la qualité de l'entreprise ", assure-t-il.Ses proches collaborateurs lui reconnaissent une réelle ouverture d'esprit. Il confesse avoir assoupli son goût du détail et de l'organisation en s'imprégnant de la culture française. " En comité exécutif, il suit dans les détails chaque ordre du jour. Mais il pratique beaucoup le tour de table afin que chacun puisse exprimer son point de vue avant de décider ", souligne Alain Desbouvrie, directeur de la qualité. Lutz Berling n'hésite pas non plus à déléguer. " Je ne peux pas suivre chaque programme 24 heures sur 24, au risque de ralentir le fonctionnement de la société. Je fais confiance. Mais je suis là dès que ma présence est requise ", précise-t-il.ACCENTUER LA FLEXIBILITEPorté par une conjoncture commerciale exceptionnelle, le PDG d'Eurocopter va aujourd'hui annoncer des résultats record. L'entreprise a enregistré plus de 800 commandes d'appareils (autour de820 à 850). Par ailleurs, son chiffre affaires va exploser la barre des 4 milliards d'euros. " La rapidité de notre croissance était inattendue, reconnaît-il. Notre plan prévoyait initialement un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros pour 2009, pas pour 2007. Ce défi doit nous conduire à accentuer notre flexibilité. Mais sans rupture sociale. " Le plus grand défi d'Eurocopter est d'assurer, en temps et sans problème de qualité, les livraisons des hélicoptères, dont les commandes ont explosé depuis trois ans. Lutz Bertling devra aussi accompagner la fin du développement du NH90. Enfin, il souhaite accentuer l'innovation. Quitte à redistribuer certains moyens et ressources.ParcoursNé le 9 juillet 1962 à Kiel (Allemagne). Après des études de génie mécanique, Lutz Bertling est nommé vice-président du site d'Augsbourg et des programmes aérostructures de Daimler-Chrysler en 1999. Il entre chez Eurocopter comme directeur de programmes en 2003. Président exécutif d'Eurocopter Deutschland en avril 2006, il devient PDG d'Eurocopter en octobre 2006.
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