Nicolas Sarkozy se heurte à une Europe toujours rétive au nucléaire

La France aura un deuxième réacteur EPR. Le message est clair : Nicolas Sarkozy a voulu hier indiquer la voie à suivre aux 27 ministres de l'Environnement et de l'Énergie réunis aujourd'hui à Paris. Juste après avoir évoqué la nécessité de lutter contre la flambée du pétrole et le réchauffement climatique, le président de la République a en outre défendu une nouvelle fois le rôle que pourrait jouer la France dans une reprise du nucléaire civil, aussi bien en tant qu'exportateur d'électricité que fournisseur de la filière nucléaire. Énumérant les mérites de l'EPR conçu par Siemens et Areva, il a précisé qu'il avait demandé aux patrons d'EDF et d'Areva " d'avoir une stratégie offensive ".La Commission européenne avait ouvert la voie cet automne en prenant, pour la première fois, officiellement parti pour l'énergie nucléaire dans l'arsenal des moyens destinés à lutter contre le changement climatique. José Manuel Barroso a enfoncé le clou, fin mai, lors du deuxième Forum européen sur l'énergie nucléaire : " L'Union abesoin d'un débat ouvert, sans tabou, sans trop d'idées préconçues, entre tous les acteurs concernés, sur l'énergie nucléaire en Europe ".29 % DE L'ELECTRICITE PRODUITE EN EUROPELa tâche ne sera pas aisée. Les relances des programmes nucléaires décidées en janvier 2008 en Grande-Bretagne et à la fin mai en Italie cachent des résistances très vives dans de nombreux pays européens. Même si le nucléaire fournit 29 % de l'électricité produite dans l'Europe des 27, contre 17 % en moyenne dans le monde, la plupart des pays producteurs européens ont décidé après Tchernobyl (1986) de renoncer au recours à l'atome à moyen terme, notamment les trois pays où le nucléaire occupe la place la plus importante (après la France) : d'ici à 2015 pour la Belgique (où le nucléaire fournit 55 % de l'électricité), 2020 pour l'Allemagne (27 %), sans date fixée en Suède (45 %). L'Espagne avait décidé dès 1984, après l'accident de Three Mile Island, de ne plus construire de nouveaux réacteurs, décision réaffirmée ce printemps par le gouvernement socialiste. Même si électriciens, industriels voire certains gouvernements, s'interrogent sur la faisabilité de ces décisions, les opinions publiques y restent très attachées, ou du moins très partagées, comme en Finlande, où le premier EPR est en construction.Nicolas Sarkozy trouvera davantage d'écho dans les nouveaux pays européens, très équipés en nucléaire civil, dont les centrales, de technologie soviétique, sont pour la plupart en fin de vie. Areva et Suez sont déjà parties prenantes de projets en Bulgarie et en Roumanie.
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