En quinze ans, Christophe Villemain aura créé une dizaine d'entreprises dans le secteur du bâtiment où son groupe, CV Investissement, réalise désormais 30 millions d'euros d'activités avec 280 salariés. Pourtant rien ne prédisposaitcet homme de 41 ans à sui-vre cette voie. Fils d'un artisan maçon de Mosnes, petit villagesitué entre Blois et Tours, àdeux pas de Chaumont-sur-Loire et d'Amboise, il acquiert d'abord un CAP de maçon-tailleur de pierre.Après quelques années au sein d'une entreprise de restauration de monuments historiques à Blois, il part pour Orléans où il crée son entreprise en 1991avec 5 salariés. Au fil des ans,l'entreprise ROC grossit (70 salariés aujourd'hui) et Christophe Villemain prend goût à la ges-tion et à l'animation. " Je me suis rendu compte, aime-t-il racon-ter, que mon entreprise devait mieux fonctionner si elle était épaulée par d'autres entités installées sur des secteurs complémentaires. "SON PARC ATTIRE PRESDE 50.000 VISITEURS PAR ANC'est ainsi qu'il rachète plusieurs petites PME du bâtiment, de peinture ou de décoration, chacune largement autonome et érigée en centre de profits. Les recettes de son succès : travailler sur des chantiers bien identifiés, uniquement dans la réhabilitation, sans toucher la construction neuve, aux logements ou à la maison individuelle.En 2002, l'enfant de Mosnes revient au pays et rachète une ancienne colonie de vacances abandonnée pour créer un parc de loisirs " nature " sur 28 hectares où l'on pratique les parcours dans les arbres, le canoë, le paint ball ou le quad. Son parc, Fantasy Forest, attire désormais entre 40.000 et 50.000 visiteurs par an et représente, naturellement, le premier employeur du village.Puis Christophe Villemain décide d'aller encore plus loin. Après avoir racheté l'ancien château du domaine, il l'a entièrement restauré et transformé en hôtel trois étoiles. " Mais le Val de Loire est encombré de châteaux-hôtels, tous plus classiques les uns que les autres et qui peinent au même rythme que la fréquentation des châteaux diminue ", constate l'entrepreneur.Avec son épouse, il invente donc un nouveau concept : l'hôtellerie tendance " world " sur le thème " une chambre-un pays ". Chaque chambre ou suite est ainsi aménagée, décorée et meublée en l'honneur d'un pays différent : la chambre chinoise aux élégantes soieries, la chambre indienne aux bois sculptés, la chambre tyrolienne en chalet de montagne, la chambre japonaise en laque rouge et noir, la chambre française aux boiseries XVIIIe."SORTIR DES SENTIERS BATTUS"Soucieux de perfection, Christophe Villemain n'a pas hésité, par exemple, à envoyer en Inde durant quatre mois un de ses employés pour acheter et faire fabriquer du mobilier. Au total, plus de 1.000 articles et trois conteneurs arriveront au château de Mosnes. Dans quelques semaines, un restaurant et un centre de détente ouvriront leurs portes, avec notamment des " massages du monde " pour découvrir des techniques manuelles exotiques.Étranger au monde du tourisme il y a quelques mois encore, Christophe Villemain a vite appris. Il tente ainsi de mobiliser d'autres sites privés pour créer une promotion commune et participe à de nombreux salons pour vanter les charmes de son parc. " Le tourisme est en difficulté, insiste-t-il, mais on peut le réveiller pourvu que l'on sorte des sentiers battus et que l'on invente de nouvelles recettes. " S'il conçoit l'hôtellerie comme une diversification importante, Christophe Villemain n'entend pas pour autant quitter le bâtiment : " C'est mon métier, lance-t-il. C'est là où je sais réussir et motiver du personnel. "Sur les vagues de l'AtlantiqueLe succès d'un parc de loisirs repose en grande partie sur la communication et la publicité. Pour imposer le site Fantasy Forest, Christophe Villemain a décidé de participer à la dernière Route du Rhum en finançant un petit monocoque piloté par Alain Grinda. L'entrepreneur a ainsi apporté 80.000 euros, budget certes dérisoire face à ceux des grands catamarans. Mais Fantasy Forest, plus petit bateau de la course, a quand même traversé sans encombres l'Atlantique et est arrivé fin novembre 2006 à Pointe-à-Pitre, bon dernier et hors délais. Mais du coup cela lui a valu une " couverture presse remarquable ". Christophe Villemain, qui veut renouveler l'expérience, entend faire de la voile un support pour développer son parc et surtout son groupe. Car le parc de loisirs, la nouvelle hôtellerie, des gîtes et un camping en bord de Loire veulent être largement ouverts au monde des entreprises, avec des séminaires, des congrès ou simplement pour motiver le personnel. Les salariés de son groupe sont d'ailleurs les premiers à en profiter.

latribune.fr

26 Sept 2008, 5:12

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