L'Allemagne revient à la régulation des prix

Au moment où les marchés de l'énergie s'ouvrent en Europe, l'Allemagne est en train d'introduire une régulation administrée des prix du gaz, de l'électricité et du chauffage. En réponse à leur flambée constatée ces dernières années, le gouvernement de la première économie d'Europe veut faire la chasse aux abus. Un point central d'un projet de loi encore en discussion veut interdire aux fournisseurs d'énergie, occupant une position dominante sur le marché, de fixer des tarifs supérieurs à ceux de leurs concurrents. Et prohiber plus généralement les prix de vente " qui dépassent de manière non raisonnable les coûts ". Une façon de revenir sans le dire au contrôle des prix.CONCURRENCE THEORIQUELe projet innove encore en instaurant un renversement de charge de la preuve. Le Bundeskartellamt, l'autorité de la concurrence compétente en matière d'électricité, pourra déclencher une enquête sur une pratique d'entente soupçonnée de hausse des prix. Ce sera alors aux fournisseurs d'apporter la preuve que leurs prix ne sont pas excessifs.Un tel serrage de vis peut étonner, huit ans après la privatisation du marché de l'énergie en Allemagne. Celle-ci fonctionne à première vue, les foyers ayant le choix entre près de 900 fournisseurs. Mais dans les faits, la concurrence reste théorique. Un oligopole règne sur environ 80 % du marché, avec les ténors RWE, E.ON, EnBW et Vattenfall. Les deux premiers ont beau affirmer aujourd'hui vouloir maintenir leurs prix constants cette année, les tarifs de l'électricité et du gaz en Allemagne se placent parmi les plus hauts de l'Union européenne. Selon Eurostat, un ménage allemand paye en moyenne 669 euros par an pour sa facture d'électricité, contre 609 euros pour un foyer français.Chez les producteurs, on rend responsable de cette situation la flambée des impôts et taxes, et on se défend de toute manipulation sur les prix. Tous sont vent debout contre le projet de loi. " Le marché envoie un signal de référence pour le niveau des prix, qui va être mis à mal avec un prochain contrôle des coûts et des marges ", déclare Julia Scharlemann, porte-parole chez RWE. La prochaine loi dresse en outre " un obstacle à l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché ", ajoute la même source. Enfin, ils mettent en balance les projets d'investissements qui, selon eux, seront bloqués : les modèles de rentabilité ne fonctionnant plus dans une économie de prix administrés.
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