Le sport français se mobilise pour imposer son modèle en Europe

Avec la ratification en décembre du traité simplifié par les membres de l'Union européenne, le sport a franchi une étape. La notion de " spécificité sportive " a pour la première fois été gravée dans le marbre, lui conférant un statut à part. Reste maintenant à savoir comment les professionnels du secteur utiliseront ce statut, alors qu'en Europe les divergences réglementaires sont grandes entre les nations et que le sport est largement soumis aux lois de la concurrence et de la liberté de marché. Les Français comptent donc profiter de leur prochaine présidence à la tête de l'Union, à partir de juillet, pour tenter d'imposer leurs vues. Dans cette perspective, le Comité olympique français (CNOSF), qui vient de publier un bilan d'étape, a relancé l'an passé des travaux dans l'objectif de présenter des propositions publiques au printemps. " Il y a un modèle français spécifique vertueux, qui repose sur la rigueur financière, une forte solidarité dans le sport professionnel et amateur, et la formation ", explique le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, à la tête de l'un des six groupes de travail intitulé " l'Europe du sport ".Point le plus épineux : l'exigence de rigueur financière, imposée au football français et que le mouvement sportif rêve d'étendre à l'Europe. " Les clubs qui enchaînent les déficits permanents, comme en Italie ou en Espagne, faussent la compétition ", dénonce le président. Les exemples, comme Chelsea ou le Real Madrid, ne manquent pas.Un autre thème de réflexion touché au financement du sport professionnel et amateur, aujourd'hui assuré en partie par un prélèvement sur les paris sportifs. " Au moment où le monopole de la Française des jeux sur ces paris est remis en cause, il s'agit de définir des mécanismes qui protégeraient le sport professionnel et amateur ", explique Marie Leroux, juriste au Comité olympique. Autre cheval de bataille : la formation, alors que le football français, par exemple, ne cesse de se plaindre de la fuite de ses meilleurs joueurs vers les clubs du Royaume-Uni ou d'Allemagne, aux salaires plus rémunérateurs. À l'étude : des quotas de joueurs formés localement ou " l'instauration d'indemnités de transferts plus incitatives ", précise Marie Leroux.VENTE CENTRALISEE DES DROITS TVLes Français rêvent aussi d'imposer le système hexagonal, également appliqué en Angleterre et en Allemagne, de vente centralisée des droits télévisés, à l'heure où en Espagne les clubs de football les commercialisent individuellement. Certains sujets semblent déjà très avancés, comme celui touchant aux transferts ou au statut des agents de joueurs, pour lequel " la directive, qui prône une transparence totale de circuits, est quasi écrite ", se félicite Frédéric Thiriez.Six groupes de travailPour mener à bien cette initiative lancée l'an dernier, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a défini six groupes de travail : l'Europe et le sport, les agents sportifs, la solidarité entre sport amateur et professionnel, la mise à disposition des joueurs en équipe nationale, le contratde travail unique et le CDD,et la formation. Plus d'une soixantaine de personnes participent à ces groupes. Elles sont principalement issues du CNOSF, des fédérations sportives (basket, sport auto, handball, football...) et des ligues professionnelles (rugby, handball, volley...). Le calendrier prévoit une conclusion des travaux en mars, en vue d'une présentation au ministèrede la Santé, de la Jeunesseet des Sports et aux autres ministères concernés avantle début de la présidence française de l'Union européenne au 1er juillet 2008.
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