TF1 et M6 pourraient récupérer 50 % des recettes pub de France Télévisions

Les chaînes privées qui rient, les annonceurs qui pleurent. Selon les professionnels de la publicité, TF1, M6 et, dans une moindre mesure, les chaînes thématiques seront les grandes gagnantes de la suppression de la publicité sur France Télévisions, promise par le président de la République le 8 janvier. L'agence média Carat (Aegis) n'a pas hésité à intituler son étude sur cette annonce " Le Big Bang ", car, estime Marie-Laure Sauty de Chalon , présidente d' Aegis Média France , " c'est à terme tout le paysage audiovisuel français qui va être bouleversé ". Si la réglementation change et permet à TF1 et M6 d'allonger la durée de publicité, " cette annonce constitue une aubaine sans précédent pour ces deux chaînes privées ", estime Carat. En effet, précise Carat, " le taux de remplissage " des chaînes privées en matière de publicité est déjà de 91 % pour TF1 et de 86 % pour M6. Selon l'agence, " la seule introduction d'une coupure supplémentaire dans les films pourrait permettre aux deux chaînes d'absorber près de la moitié du chiffre d'affaires de France Télévisions ", soit 833 millions d'euros nets. Un calcul partagé par l'agence OMG (Omnicom), qui projette également que 40 % à 50 % des recettes publicitaires de France Télévisions devraient se porter sur TF1 et M6.APPREHENSIONCHEZ LES ANNONCEURSUne étude de Natixis révélée par Le Point va encore plus loin dans ses prévisions en avançant un taux de 60 % avec TF1, qui récupérerait 344 millions d'euros et M6, 136 millions.Pour TF1, c'est un véritable bol d'air après les résultats publicitaires décevants de la chaîne en 2007. La Une se refusait toujours à commenter les conséquences d'un tel changement " tant que ses modalités ne seront pas connues ". Sans surprise, M6 s'est, en revanche, félicité de la nouvelle. Il faut dire que pour la chaîne qui est aujourd'hui, selon Marie-Laure Sauty de Chalon, " un petit TF1, moins cher et plus jeune ", c'est une vraie opportunité. En situation de pouvoir augmenter ses tarifs publicitaires, M6 pourrait investir dans une nouvelle grille de programmes pour attirer la fameuse ménagère de moins de 50 ans.Autres grandes gagnantes, les chaînes thématiques, qui, selon l'agence OMG, pourraient récupérer 30 % à 35 % du gâteau publicitaire des chaînes publiques. Alors que certaines de ces petites chaînes étaient données pour mortes, Marie-Laure Sauty de Chalon estime que la décision de l'Élysée " leur assure la quasi-certitude de leur survie économique ". Enfin, les autres médias, de la presse à Internet sans oublier le cinéma et l'affichage, se frottent également les mains puisque 20 % de la tirelire publicitaire de France Télévision pourraient leur revenir.En revanche, l'appréhension prévaut chez les annonceurs. Ils craignent tous de voir les prix des écrans publicitaires flamber sur TF1 et M6. Pour l'Union des annonceurs (UDA), cette nouvelle donne aura des " conséquences sur la croissance économique ". Une inquiétude partagée par Maurice Lévy , le président de Publicis , qui redoute que " la croissance que l'on pouvait espérer sur un certain nombre de segments risque de ne pas se produire ".Opposition des Syndicats de FraNce TélévisionsDans le cadre du comité de groupe vendredi, les syndicats de France Télévisions ont rejeté à l'unanimité le projet de suppression de la publicité au sein du groupe public. Selon eux, " les solutions avancées par le président pour compenser ce manque à gagner sont objectivement irréalistes". Le comité de groupe a souligné " l'extrême inquiétude" des 11.000 salariés du groupe. Lors d'assemblées générales " assez mouvementées" jeudi à France 2 et France 3, le PDG a précisé avoir demandé aux filiales de " bloquer tout recrutement extérieur afin de reclasser les 350 salariés de la régie publicitaire", a précisé le SNJ-CGT.
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