Àquelques mois des élections municipales, la survie du chausseur Charles Jourdan devient une affaire d'État. Le gouvernement affirme être mobilisé " depuis plusieurs mois " sur ce dossier. Et lundi, Hervé Novelli, le secrétaire d'État aux Entreprises, s'est rendu à Romans dans la Drôme pour rencontrer les représentants des salariés et de la direction. Reste à savoir comment le gouvernement compte sauver une entreprise déjà morte. Car Charles Jourdan, qui a déposé son bilan en septembre, a été placée en liquidation judiciaire le 17 décembre, faute de repreneurs.UNE SEULE OFFRE FORMELLEMalgré cela, à l'issue de ce déplacement, Hervé Novelli continuait à évoquer " deux projets de reprise totale ou partielle qui doivent être déposés dans les tout prochains jours ". De quoi mettre du baume au coeur des salariés. Mais, en réalité, quelles que soient les offres qui seront présentées le 14 février au juge du tribunal de commerce de Romans par Christophe Roumezi, le mandataire judiciaire, il ne s'agira que de reprise d'actifs de la société. Sans volet social. " Contrairement à une reprise qui s'effectuerait dans le cadre d'un redressement judiciaire, le repreneur est libre de garder ou non le personnel. Et il n'a pas à gérer un plan social ", confirme Christophe Roumezi. " On peut toutefois raisonnablement imaginer que, dans le cas où une chaîne de montage est reprise, le personnel qui travaille dessus soit conservé. Mais ce n'est pas une obligation juridique ", poursuit-il. Lundi soir, il n'avait reçu qu'une seule offre formelle. D'après les syndicats, plusieurs autres offres pourraient être présentées, dont une serait proposée par un industriel local. Cette dernière option est largement plébiscitée par les 197 salariés qui, usés par trois redressements judiciaires en quatre ans, souhaitent voir émerger une solution pérenne.Mais quel candidat solide pourrait s'intéresser à une reprise globale des actifs sans pouvoir exploiter la marque Charles Jourdan hors de France ? Aux États-Unis, elle est la propriété du groupe BBC International. Pour le reste du monde, elle est logée dans un holding suisse créé par l'ancien PDG, Yannis Bilquez, écroué en Suisse, et elle a été placée sous séquestre par les autorités suisses. Paris a bien tenté d'intervenir pour accélérer la procédure. Maisen vain.Une longue chute1921 : création de Charles Jourdan à Romans (Drôme).1987 : le chausseur emploie 2.000 salariés et réalise 220 millions d'euros de chiffre d'affaires.De 2003 à 2007 : trois dépôts de bilan se succèdent. Le dernier est prononcé en septembre 2007.17 décembre 2007 : la société est placée en liquidation. Elle employait alors 197 salariés pour un chiffre d'affaires d'environ 11 millions d'euros.

latribune.fr

26 Sept 2008, 4:21

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