Colas confronté à la flambée du bitume

La flambée des prix de l'or noir produit des effets collatéraux. Le prix du bitume, qui n'est autre qu'un résidu du pétrole, s'est envolé l'an dernier en France de près de 30 %, au point d'atteindre les 380 euros la tonne. Un sujet de préoccupation pour Colas , la filiale route de Bouygues , dont c'est la matière première principale. Dans leur version la plus classique, les enrobés - ou couches de roulement - sont réalisés à partir de bitume. " Le bitume devient un vrai problème pour une entreprise routière comme la nôtre ", relève Hervé le Bouc , le nouveau patron de Colas. Il observe toutefois que le prix du bitume varie beaucoup d'un pays à l'autre en fonction, par exemple, des capacités de raffinage et qu'il peut ainsi être bien inférieur aux États-Unis. Autant le prix du brut est un prix mondial, autant le prix du bitume est un prix local. Au-delà du prix du baril, le manque de disponibilité du bitume peut pousser son prix à la hausse.Pressentant ces phénomènes, Colas s'est doté en 2007 de nombreux dépôts de bitume - de Bordeaux à l'océan Indien en passant par l'Amérique du Nord, les Antilles et l'Irlande. Dans les îles, où il n'y a pas de raffineries, racheter des dépôts de stockage est la seule solution pour sécuriser l'approvisionnement. Colas a aussi ouvert en 2007 une raffinerie en Malaisie, qui utilise des pétroles lourds acheminés spécialement du Venezuela pour pouvoir extraire le maximum de bitume - le bitume étant la partie la plus lourde du pétrole.DE NOUVELLES TENSIONS EN TERMES D'APPROVISIONNEMENTEn France, l'approvisionnement en bitume n'a longtemps pas été un sujet. Les majors du pétrole, qui étaient par le passé toutes actionnaires des entreprises routières - Shell l'était pour Colas - en produisaient suffisamment. La question prend un tour nouveau, sachant que Colas consomme à lui seul un tiers du bitume produit dans l'Hexagone. Les raffineries françaises ont connu des arrêts de production. En juin 2006, un incendie dans une raffinerie de Shell avait obligé Colas à reprogrammer des chantiers. Depuis, certains pétroliers ont décidé de sortir du raffinage en France, à l'instar de Shell, qui a revendu ses raffineries non pas à des pétroliers mais à des sociétés de raffinage. Or ces dernières ont tendance à raffiner des pétroles bruts légers, de manière à générer le moins possible de bitume, un produit moins noble. Toujours est-il que Colas a connu de nouvelles tensions en termes d'approvisionnement en bitume, sans gravité mais bien réelles, à la fin 2007. Pourtant, l'hiver n'est pas une période de forte consommation sur les chantiers routiers. L'entreprise réfléchit à accroître ses capacités de stockage ou à faire venir par bateau des surplus d'autres raffineries françaises ou étrangères.
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