La filière porcine française prise en tenaille

Le Salon de l'agriculture, qui vient d'ouvrir ses portes à Paris, est l'occasion de montrer aux centaines de milliers de visiteurs toute la richesse de l'élevage français. Mais cette année l'ambiance est morose chez les éleveurs. Particulièrement dans la filière porcine. Selon l'Interprofession nationale porcine (Inaporc), certains éleveurs sont menacés de disparition. Chaque jour, ils perdent de l'argent en travaillant. Un porc leur coûte 1,6 euro par kilogramme à produire or ils ne peuvent le vendre que 1,2 euro le kilo. " Le calcul est simple, l'éleveur perd 40 centimes par kilo et un porc pèse 92 kg, soit une perte d'environ 37 euros par animal " , déplore-t-on chez Inaporc. Et la situation empire depuis six mois. Cela pour deux raisons. D'une part, le coût de l'alimentation animale - qui représente 70 % du prix de revient - est lié à l'évolution du cours des céréales qui flambent. " Les exploitants doivent supporter des hausses de 30 % à 40 % ", explique Pascal Souzy, le secrétaire fédéral FGA-CFDT de la filière viande. Dans le même temps, l'offre de porcs ne cessant d'augmenter, les éleveurs ne sont pas en position de force pour répercuter ces surcoûts dans leur prix de vente, à l'inverse des autres élevages. " Dans la filière bovine, le manque de lait pousse à utiliser les vaches pour la traite plutôt que pour leur viande. Et dans la volaille, les quantités produites ont baissé avec l'épisode de grippe aviaire " , relève Pascal Souzy.MESURES DE BRUXELLES Pourquoi la filière française ne réduit-elle pas sa production ? " Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre cette décision franco-française. Nous sommes en concurrence avec nos voisins européens. Or les prévisions pour cette année font déjà état d'une production à la hausse en Espagne, au Danemark et aux Pays-Bas ", relève-t-on chez Inaporc. En France, le nombre de porcs produits chaque année est quasiment stabilisé aux alentours de 25 millions. Diminuer la production reviendrait à laisser le champ libre aux concurrents.Dans ce marasme, la filière a obtenu deux mesures de Bruxelles qui devraient éviter que la crise ne s'amplifie. Les subventions à l'exportation, que certains souhaitaient voir disparaître, sont maintenues. De plus le " stockage privé " - la mise en frigo de 100.000 tonnes de viande - décidé fin 2007 pour trois mois a été prolongé jusqu'à fin juin. Ce qui permet de retenir ces quantités hors du marché. Enfin, le ministère de l'Agriculture vient de débloquer 16 millions d'euros d'aides. Mais cela reste une goutte d'eau par rapport aux 900 millions perdus par la filière.
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