L'Allemagne défriche la vente de médicaments par Internet

Les pharmaciens allemands vont avoir besoin d'aspirine. Début février, la Commission européenne a mis en demeure l'Allemagne de revoir sa législation, interdisant la constitution de chaînes de pharmacie. Le gouvernement a deux mois pour répondre à l'injonction européenne. À l'été, Bruxelles devra décider si elle entame ou non une procédure. Les 21.500 pharmacies restent, pour l'instant, sereines.La vente de médicaments par Internet, autorisée depuis 2004, commence, cependant, lentement à redistribuer les cartes. De nombreux sites se sont ouverts, suivant la voie tracée par le hollandais DocMorris. Racheté l'an dernier par Celesio - le grossiste en produits pharmaceutiques filiale du groupe Haniel -, celui-ci s'est même mis à essaimer, par le biais de franchisés, avec un objectif clair : une fois la loi modifiée, il souhaite contrôler directement au moins une partie de son réseau.Les distributeurs allemands, notamment les chaînes de droguerie (soins, parapharmacie, entretien de la maison), découvrent à leur tour que le marché pourrait être tentant. Les Allemands dépensent chaque année environ 26 milliards d'euros en médicaments. 16 % de ce montant restent dans les caisses des pharmaciens. Rewe, le numéro deux allemand de la distribution alimentaire, réfléchit sérieusement au dossier. Schlecker, le leader des drogueries avec plus de 10.000 points de vente, a commencé mi-février à vendre de l'aspirine et autres médicaments antigrippe à des prix inférieurs de 30 à 45 % à ceux des pharmacies classiques. Il s'est associé à la pharmacie Internet hollandaise Vitalsana et prévoit dans un deuxième temps la vente de médicaments sous ordonnance.MOINS DE 1 % DES ORDONNANCESSon concurrent DM s'y est déjà mis en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et attend que la législation lui permette d'étendre son service. Les clients déposent leurs ordonnances dans ses points de vente, les médicaments sont livrés par la suite au magasin ou à domicile, le service étant organisé par la société hollandaise, Europa Apotheek Venlo, également présente sur Internet.D'après un sondage réalisé pour la fédération des pharmaciens allemands (Abda), 93 % des ventes de médicaments se font encore en pharmacie. Les ventes par Internet représenteraient même moins de 1 % des ordonnances. " Cela prouve que le concept ne convainc pas. Leur part de marché reste très faible " insiste le porte-parole de la fédération. Les observateurs, eux, sont persuadés que la pharmacie classique est condamnée à terme à perdre des parts de marché. Les caisses allemandes de sécurité sociale sont les premières à inciter leurs assurés à commander auprès d'une des multiples pharmacies Internet. Notamment pour les malades chroniques. Avec des coûts réduits, les pharmacies Internet peuvent diminuer leurs commissions et donc baisser nettement la facture finale pour les caisses. Outre les tarifs alléchants sur les médicaments non remboursés, les sites renoncent bien souvent à encaisser la taxe forfaitaire que le malade paie pour chaque médicament prescrit.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.