Un vent de privatisation souffle sur les aéroports régionaux français

C'est un véritable coup d'accélérateur. Les acteurs privés montent en puissance dans le paysage aéroportuaire français. Plus exactement au sein des 150 petites plates-formes dont la propriété a été transférée de l'État aux collectivités territoriales, conformément à la loi d'août 2004. Celles qui ne figuraient donc pas dans la loi du 20 avril 2005, relative au changement de statut d'Aéroports de Paris (ADP) et des grands acteurs métropolitains et d'outre-mer.Alors que le transfert de propriété est accompli depuis le 1er mars 2007, les collectivités territoriales ont désormais la tâche d'attribuer la concession pour l'exploitation de leur aéroport, assurée jusqu'ici dans la quasi-totalité des cas par les chambres de commerce et d'industrie (CCI).Au fur et à mesure que les concessions actuelles arrivent à échéance, les appels à concurrence se multiplient. Et les groupes privés s'engouffrent dans la brèche. " Nous sommes dans une phase transitoire qui va durer deux à trois ans avant que la situation ne se stabilise autour d'acteurs privés ", expliquait hier Jacques Sabourin, directeur général de l'Union des aéroports français (UAF). Si Angers (Keolis, filiale de la SNCF), Chambéry et Grenoble (Vinci-Keolis) avaient déjà basculé avant la loi de 2004, le processus s'accélère depuis plus d'un an : la liste s'est enrichie de Méaulte et Troyes (Keolis), Nîmes (Veolia Transport), Vannes (SNC Lavalin) et Clermont-Ferrand (Vinci-Keolis). " De nombreux appels d'offres sont encore dans les tuyaux ", souligne Jacques Sabourin.GROSSES BATAILLES A VENIRLa concession du plus gros d'entre eux, l'aéroport de Beauvais, est tombée dans l'escarcelle de Veolia et de la CCI de l'Oise, comme annoncé hier soir. Trois autres groupes étaient candidats (Vinci avec Keolis, la Sanef avec Egis, et le fonds d'investissement Galaxy, basé au Luxembourg). La plupart postulent aussi à Lille, à Tarbes, et peut-être à Brives. Pour l'heure, Keolis et Vinci, ensemble ou séparément, se taillent la part du lion.De quoi préparer les grosses batailles à venir auxquelles participeront les grands groupes étrangers et probablement ADP. Elles vont concerner les grands aéroports régionaux, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nice, Montpellier, Marseille, Nantes, Strasbourg. Depuis mars 2007, trois d'entre eux - Lyon, Bordeaux et Toulouse - appartiennent à des sociétés anonymes détenues pour l'heure par des capitaux entièrement publics : l'État (60 %), les CCI (25 %), les collectivités territoriales (15 %). Nice devrait emboîter le pas à l'été, Montpellier en 2009. Mais " l'État n'a pas vocation à rester propriétaire. Il ne serait pas étonnant que certains fassent l'objet d'une ouverture de capital dans les prochains mois, ou début 2009 ", estime Jacques Sabourin. De quoi donner des idées pour ADP ? Une chose est sûre. Détenteur aujourd'hui de 68 % du capital, l'État ne peut descendre au-dessous des 50 % dans le cadre de la loi actuelle. Une privatisation nécessite une nouvelle loi. Un pari fait par Vinci, qui a raflé 3 % du capital en décembre.Les low-cost tirent le traficAlors que le trafic aérien français a progressé de 4,9 % en 2007, à près de 154 millions de passagers, l'essor des compagnies à bas coûts se poursuit. Affichant une hausse de 20 % de leur trafic l'an dernier, elles représentent désormais 15,7 % du marché des aéroports métropolitains et 23,3 % hors Paris. " Avec le fort développement d'Easyjet, le trafic de ces compagnies devrait encore progresser de l'ordre de 20 % à 25 % en 2008 ", a indiqué hier à " La Tribune " le directeur général de l'Union des aéroports français (UAF), Jacques Sabourin, en marge de la présentation du bilan 2007. Alors que le taux de pénétration des low-cost dans l'Hexagone reste inférieur à la moyenne européenne (30 %), en raison d'une fiscalité pénalisante selon Jacques Sabourin, celui-ci va remettre en fin de semaine un rapport sur le sujet au secrétaire d'État au Tourisme, Luc Chatel.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.