Alain Afflelou et Bridgepoint ne font plus la paire

Deux ans et demi après avoir pris le contrôle d'Afflelou, Bridgepoint est en conflit avec le fondateur du groupe. Alain Afflelou a convoqué mercredi pour jeudi matin un conseil d'administration au siège de l'enseigne à Aubervilliers, en l'absence des deux représentants du fonds d'investissement retenus à Londres pour un séminaire d'entreprise. Le fondateur du groupe, qui détient 22 % du capital s'est engagé ainsi dans un bras de fer avec le fonds britannique, actionnaire majoritaire à hauteur de 57 % depuis le retrait de la cote en janvier dernier. Objet de leur différend : le calendrier de succession d'Alain Afflelou, PDG du groupe de même nom.ENTOURE DE DEUXDE SES FILSBridgepoint est entré au capital du roi de la paire de lunettes pas chère en février 2006. " Nous sommes là pour assurer le développement de l'enseigne, notamment à l'étranger, et la succession managériale à Alain Afflelou ", rappelle à La Tribune Benoit Bassi, le président de Bridgepoint France et membre du conseil d'administration. À son arrivée, dans un pacte d'actionnaires, le fonds d'investissement s'était accordé avec Alain Afflelou pour qu'il ne soit plus à une fonction opérationnelle dans un " délai de trois ans ". Soit aujourd'hui d'ici à février 2009. L'échéance vient vite. Et ce ne serait pas du goût d'Alain Afflelou. " Les rumeurs actuelles de son départ sont fausses ", affirme toutefois Benoit Bassi.À 60 ans, Alain Afflelou, l'un des chefs d'entreprise français les plus connus dans l'Hexagone, est toujours aux manettes. Et il s'y voit encore pour trente ans, a-t-il affirmé lors de la dernière convention des cadres de l'entreprise. L'homme dirige l'entreprise entouré de deux de ses fils. Chacun occupe des postes clés dans un groupe de distribution : Laurent, directeur du développement immobilier, court le monde pour trouver de nouveaux emplacements de magasins, etLionel dirige le bureau d'achats de l'enseigne connue pour ses " Tchin Tchin, deuxième paire à 1 euro ".Surtout, Alain Afflelou continue à incarner le nom de sa marque, trente ans après sa création. Il reste là fidèle à sa technique éprouvée de communication. En 1983, il a été le premier chef d'entreprise à apparaître en chair et en os dans ses campagnes de publicité. Avec un slogan trouvé par Euro-RSCG : " On est fou d'Afflelou ". Les lancements 2008 n'échappent pas à la règle. Pour vanter le design de ses lunettes solaires de l'été, Afflelou vient de signer un spot de publicité télévisée avec des top-modèles. Mais en toute fin de spot, celui qui revendique être une " marque de fabrique " apparaît pour rappeler les trente ans de l'enseigne.UN REMPLACEMENT JUGE DELICAT L'implication d'Alain Afflelou dans le marketing de l'enseigne n'est pas sans poser problème. Notamment en France où le groupe aligne650 de ses 900 magasins : il est encore l'incarnation de la marque aux yeux du grand public. Le remplacer à la tête du groupe est donc délicat. Bridgepoint le sait. " Notre volonté est qu'il reste avec un rôle important. C'est un très bon manager ", avance Benoit Bassi. Ce n'est pas la première fois qu'Alain Afflelou se heurte à ses coactionnaires. En 2000, c'est la Bourse qui lui a permis de reprendre le contrôle de son affaire. Afflelou était alors, depuis trois ans, détenu à 70 % par le fonds Alpha tandis qu'il en détenait 30 %. Alain Afflelou ne se sentait plus chez lui. Du coup, en avril 2000, il s'associe au fonds Apax afin d'acquérir la participation d'Alpha dans le cadre d'une nouvelle opération LBO. Dans la foulée, l'enseigne Alain Afflelou est introduite en Bourse. Six ans plus tard, AlainAfflelou et Apax signent un accord avec Bridgepoint pour lui céder respectivement 44,2 % et 18,7 % du capital au prix de 33 euros par titre. Soit une prime de 22 %. L'opération valorise l'entreprise à 500 millions d'euros, pour un chiffre d'affairesde 668 millions d'euros en 2007. Cette nouvelle cession aurait permis à Alain Afflelou d'empocher une somme voisine de 150 millions d'euros.Aujourd'hui, six mois après le retrait de son groupe de la cote, la bonne entente entre les deux actionnaires n'est plus de rigueur. À tel point que le fond Apax, actionnaire à hauteur de 17 %, se retrouve au milieu des deux belligérants. Le début de conflit n'entame guère l'appétence de l'entreprise. Le groupe qui revendique la place de numéro un des franchiseurs d'optique en Europe est une entreprise convoitée. Elle continue à faire l'objet de marques d'intérêt, assure Benoit Bassi.Parcours1962 : À l'âge de 14 ans, Alain Afflelou, fils de boulangers, quitte l'Algérie et arrive en France.1972 : Diplômé de l'École supérieure d'optométrie de Paris, il ouvre son premier magasin d'optique, sous l'enseigne Optica, au Bouscat, à Bordeaux.1979 : Lance la franchise Alain Afflelou qui comptera 100 magasins en 1985.
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