L'hypothèse d'un rapprochement entre Neuf Télécom et Cegetel se précise

Avec l'officialisation du rachat de Tiscali France par Telecom Italia, la consolidation attendue depuis deux ans parmi les fournisseurs d'accès à Internet en France devient concrète. Aussi, ne devrait-elle pas s'arrêter là. Depuis plusieurs semaines, l'éventualité d'un rapprochement entre Neuf Télécom et Cegetel prends corps. Des sources concordantes affirment que les deux opérateurs de téléphonie fixe ont "repris langue". Les intéressés ne commentent pas. Certains acteurs de l'industrie appellent de leurs voeux une fusion des deux frères ennemis.VU, maison mère de SFR Cegetel, se dit ouverte à une consolidation dans le fixe.La guerre des prix milite en ce sens, d'autant qu'elle porte, note un industriel, "sur tous les segments sur lesquels les deux groupes opèrent : le haut débit, la téléphonie résidentielle et la téléphonie d'entreprise". Or son impact est négatif pour les actionnaires des deux bords. "Le marché est trop fragmenté, une fusion répondrait à une vraie logique industrielle", martèle un banquier.Cegetel et Neuf Télécom pourraient notamment unir leurs forces dans le haut débit où ils souffrent de la comparaison avec Free. Cegetel a passé le cap des 300.000 abonnés ADSL courant mars et Neuf Télécom en revendique 540.000, mais Free avait dépassé le million fin 2004 ! Or la valorisation des opérateurs est étroitement liée à leur poids dans l'ADSL. "Un opérateur comme Free est valorisé sur la base d'un multiple de treize fois l'excédent brut d'exploitation, contre cinq fois pour un opérateur alternatif classique", calcule un banquier.Ni Neuf Télécom ni Cegetel, dont les chiffres d'affaires sont proches (respectivement 1,2 et 1,3 milliard d'euros), ne sont cotés. Mais le premier envisage depuis plus d'un an une introduction. Suez, qui détient 16,65 % du capital de Neuf Télécom, évalue sa participation à 235 millions d'euros. Ce qui valorise 100 % du capital à 1,4 milliard d'euros, soit moins que Iliad (Free) qui capitalise 1,5 milliard, alors que Neuf Télécom pèse 2,5 fois plus que Free en termes de chiffre d'affaires et détient une trésorerie importante.L'an passé déjà, Cegetel et Neuf Télécom avaient discuté sérieusement d'une fusion. Mais le projet avait achoppé notamment pour des questions de pouvoir. La situation semble avoir évolué. Robert-Louis Dreyfus a laissé la présidence de Neuf Télécom à Jacques Veyrat, Charles Rozmaryn a quitté celle de Cegetel.A la mi-mars, Vivendi, la maison mère de SFR Cegetel, se disait ouverte à une consolidation dans le fixe. Vivendi est déjà minoritaire au capital de Cegetel dont il détient indirectement 36,4 % et pourrait vouloir réduire son exposition à l'opérateur, qui a accusé 150 millions d'euros de pertes d'exploitation en 2004 (hors éléments exceptionnels). Une perte liée à la course aux abonnées dans l'ADSL. Surtout, la gestion sociale d'un rapprochement, qui entraînerait inévitablement des suppressions d'emploi, serait complexe. Vivendi est surveillé sur ce terrain par Bercy alors qu'il a obtenu un régime fiscal avantageux en échange d'engagements sur l'emploi. Les syndicats de Cegetel ont ainsi fait reculer leur direction cet hiver sur un plan social.Sophie Sanchez
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