Des opérateurs télécoms prudents sur leurs ambitions dans les médias

Jusqu'où les opérateurs télécoms ont-ils l'intention de monter dans la chaîne de valeur de l'audiovisuel ? La question est posée à chaque débat, lors des rencontres organisées cette semaine à Montpellier par l'Institut d'études de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate). Car la démocratisation du haut débit, qu'il soit fixe avec l'ADSL ou mobile avec l'UMTS, a rendu disponibles musiques, vidéos et encore jeux vidéo via les réseaux des opérateurs de télécommunications. La France comptera à la fin de l'année 9 millions d'abonnés ADSL et plus d'un million d'abonnés au mobile de troisième génération. En outre, France Télécom recense plus de 140.000 clients à son service de télévision par la prise téléphonique et Free 130.000. Désormais, la télévision via la prise téléphonique, nouveau canal de diffusion, est en passe de dépasser le satellite dans les recrutements de nouveaux abonnés à la télévision payante. Et France Télécom, opérateur télécoms, s'est mué en acquéreur de contenus pour distribuer directement des films de Warner via la prise téléphonique.Mutation du mobile. Autre tendance, la multiplication des écrans. Demain, "la consommation de télévision sera plus personnelle et plus nomade", estime Laurence Meyer de l'Idate, en pointant du doigt l'importance d'Internet, de la vidéo à la demande et du portable. Déjà, dans le mobile, chaque client 3G de SFR passe en moyenne 14 minutes par mois devant la cinquantaine de chaînes disponibles. Les abonnés 3G d'Orange, dont la consommation moyenne mensuelle de sessions vidéo s'allonge de quelques 10 minutes tous les mois, ont passé 45 minutes à regarder de la vidéo sur leur mobile en octobre.Aussi, les opérateurs mobiles ont-ils acheté ces derniers mois les droits exclusifs de diffusion de compétitions sportives telles que la Coupe du monde de football. La convergence entre médias et télécoms est donc en marche. Pour Laurence Meyer, analyste à l'Idate, "les opérateurs ont l'intention à court terme de fournir des plates-formes de diffusion de la télévision, via le fixe ou le mobile, mais à long terme, ils ont peut être intérêt à intégrer la chaîne de valeur en amont". Avec des cash-flows largement supérieurs à ceux des médias, les opérateurs font peur. "Les deux industries se regardent en chiens de faïence", résume Matthieu Mouly, analyste chez Ixis Securities.Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi Universal, propriétaire de SFR et Canal Plus, a critiqué hier l'approche de la convergence "centralisée et indisciplinée" de son prédécesseur, Jean-Marie Messier. "On ne peut pas s'approprier à la fois les contenus et l'accès." Le discours a été semblable du côté de France Télécom."On se fournit en contenus auprès de ceux qui savent les faire", a indiqué Didier Lombard, le patron de l'opérateur historique, qui se place dans une logique de partenariats. "Nous n'essayons pas de rentrer dans un monde qui nous est étranger", a-t-il expliqué. Pourtant Orange a acheté les droits exclusifs de rediffusion de cinq compétitions sportives, et France Télécom a obtenu l'exclusivité du dernier "single" de Madonna. Ce qui suggère à Jean-Bernard Lévy cette réflexion sur la notion d'exclusivité : "Les investissements sur les contenus sont trop importants pour que l'on restreigne leur diffusion et leur distribution aux seuls "tuyaux" d'un groupe intégré. Il est nécessaire de s'assurer la distribution la plus large et sur tous les supports." Avis à tous les éditeurs de contenus, qu'ils soient studios, éditeurs de jeux ou encore maisons de disques.Guillaume de Calignon, à Montpellie
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