Le Comptoir du Tabac des Gaves et de l'Adour fait... un tabac

Par ces temps de lutte contre le tabagisme et les nuisances du tabac, le projet était un peu fou. Aujourd'hui, Noël Labourdette et ses associés dans Le Comptoir du Tabac des Gaves et de l'Adour n'en savourent que d'autant plus leur plaisir.Après trois mois seulement de commercialisation, le Navarre, ce cigare robusto 100 % français qu'ils ont conçu, fait un tabac auprès des amateurs, avec 30.000 pièces déjà vendues à travers la France. Il est vrai que sur les quelque 500 buralistes à même de proposer un tel produit de luxe, le Navarre (vendu 11 euros pièce) est déjà référencé chez plus de 200 d'entre eux, et qu'il est proposé à certaines des plus prestigieuses tables du pays."J'ai toujours trouvé dommage de ne pas pouvoir finir un bon repas sur un cigare français", sourit Noël Labourdette, ancien monteur de projets industriels pour le compte de la Caisse des dépôts. La fin du monopole de la culture du tabac lui a donc donné l'idée d'en produire un. Mais pas de n'importe quelle façon : à la méthode cubaine ! Les examens des quinze dernières années de relevés météo du Sud-Ouest, berceau de la culture du tabac français, lui permettent de définir une ligne reliant Saint-Palais, au Pays basque, à Oloron-Sainte-Marie, en Béarn, comme étant l'endroit où les conditions étaient les plus favorables pour cultiver le tabac dont il avait besoin. Un tabac dont la variété reste jalousement tenue secrète, mais dont on sait qu'elle provient de l'Institut technique de Bergerac. "Nous voulions faire un tabac de terroir. Aussi, après en avoir testé plusieurs, nous avons retenu celui qui s'en imprégnait le plus", explique Noël Labourdette, amateur de cigare évidemment éclairé, membre de la Confrérie Jean Nicot.Étoffer la gamme. Pour la préparation du tabac, il a fait appel à un tabaculteur cubain, seul à même de décider de la cueillette des feuilles - qui se fait à la main, comme il se doit. Il lui a aussi fallu construire un séchoir à ventilation manuelle totalement inspiré des séchoirs cubains, et concevoir une chambre de fermen- tation entièrement pilotée par informatique. Quant à la fabrication des cigares proprement dite, elle est confiée à sept "rouleuses" locales encadrées par deux Cubaines qui leur ont transmis leur savoir-faire si particulier. "Voilà un an et demi qu'elles s'exercent. Elles arrivent désormais à produire 35 cigares par jour, contre 80 pour leurs collègues cubaines. Mais en termes de qualité, il n'y a aucune différence", assure Noël Labourdette.L'ensemble de ce projet a tout de même nécessité 1,5 million d'euros d'investissement. Car il a fallu notamment faire l'acquisition et la rénovation des locaux de la société : une magnifique ancienne caserne de mousquetaires, à Navarrenx, datant du XVIe siècle, qui aurait été commandée par un certain... Portos. La société entend y recevoir les amateurs pour qui elle va créer deux salons de dégustation.Il lui reste maintenant à atteindre l'objectif de 150.000 pièces vendues en 2006 et 200.000 en 2007 et, évidemment, à étoffer la gamme. En commençant par le lancement d'un double corona, histoire de profiter d'une récolte 2005 particulièrement appropriée à la fabrication de grands cigares.Frank Audonnet, à Bayonne
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